vendredi 1 août 2014

Dernières aventures indiennes : Madurai et Hampi.

Hello!

Un article particulier, notre dernier rédigé en Inde. Le dernier article de notre dixième pays, le jour de nos dix mois de voyage. Ca passe trop vite tout ça...

Nous sommes à... Cochin, à 60 km d'Alleypey, où nous vous avions laissé. 60 bornes entre nos deux lieux de publication, mais qui ont été séparés de plus de 1000 kilomètres durant les 10 derniers jours!

Comme nous l'avions expliqué dans notre article sur Goa, la venue de mes parents dans le Kerala nous avait fait remettre la visite d'Hampi, fameux village sacré, à plus tard. C'est désormais chose faite!

Le trajet jusqu'à Hampi, bieeen plus au nord que le Kerala, a été une mission sacrément violente et épuisante. Nous voulions absolument rejoindre le célèbre petit village histoire de nous poser une dernière fois avant de quitter ce pays de dingue.

Après quelques jours à Alleypey, nous avons rejoint Madurai dans le Tamil Nadu, pour visiter le Sri Meenakshi Temple. Si l'édifice nous a laissé des étoiles dans les yeux, la journée dans la grande ville a constitué un retour violent dans l'Inde sauvage et tourbillonnante.

Sans transition, nous avons embarqué pour Bangalore, simple étape sur notre route, d'où nous avons rallié Hampi.

Dernière étape de notre vadrouille dans ce pays incroyable, Hampi nous a offert un séjour d'exploration et de calme formidable.

Dernière histoire au pays de Gandhi, des maharajas, des tigres. Dernière vadrouille dans cette contrée hallucinante. Dernières aventures dans la folie indienne, dans cette mosaïque culturelle, sociale et historique qui nous a marqué au fer rouge.



Sur la route d'Hampi : Madurai et Bengalore




Notre mission, après ces vacances dans les deux régions les plus calmes d'Inde, était d'aller d'Alleypey à Hampi, avec un arrêt à Madurai, pour profiter d'un dernier temps de repos dans le village aux 400 temples avant d'aller ramasser des mangues en Australie... Nous n'avons pas tellement soif de sociabilisation ces temps-ci, juste de calme, d'amour et d'eau fraiche. Pourquoi s'embêter à remonter tout la haut pour redescendre à Cochin prendre l'avion (faites un petit google map pour apprécier la chose...)? Souvenez-vous, nous n'avions pas eu le temps d'y aller depuis Goa, et il était hors de questions de quitter le pays sans avoir vu un joyaux pareil! Nous sommes donc partis pour une mission de près de 1500 km de détour... Mission qui se devait d'être mémorable et intense (nous n'avons pas été déçus à ce niveau là...). Après 3 semaines de calme et de volupté entre les plages de Goa et les étendues du Kerala (volupté d'autant plus importante que mes parents étaient là!), un retour aux sources de l'Inde et un dernier plongeon dans sa frénésie en mode galérien était nécessaire. Et nous avons vu les choses en grand!

Pour commencer notre programme intensif retour-au-bazar (déconseillé aux adeptes de vacances tranquilles...), nous proposons : un bon gros voyage de nuit de 11h en train, en seconde classe, sans réservation bien entendu (sinon ça ne compte pas), afin de rejoindre Madurai, 1 million d'habitants, dans le Tamil Nadu.

Nous quittons le Prince Homestay en début de soirée, sous la pluie, pour partir à pied vers la gare, 4 kilomètres plus loin. Nous sommes sur place vers 20h, condamnés à poireauter jusqu'à minuit en nous gavant de beignets aux oignons. Nous avons voulu être sûr de profiter d'un bon bain de foule en choisissant un train ayant effectué de nombreux arrêts avant Alleypey, promesse de compartiments pleins... Nous nourrissons quand même l'espoir d'un peu de place jusqu'à ce que le train arrive, nous présentant ses wagons de seconde classe dans lesquels nous devons pousser tout le monde pour rentrer.

Sacs déposés, nous prenons la mesure de la chose qui nous attend : nous voilà debout entre les deux toilettes (exquis ce nouveau parfum que vous nous offrez Charlie!), collés à nos voisins, profitant des quelques espaces ménagés entre les têtes et les épaules qui nous entourent pour profiter de la vue dantesque de l'intérieur de la voiture. C'est un véritable compartiment de réfugiés, remplit à craquer, des gens dorment par terre, parfois sur plusieurs couches successives. Des pieds dépassent de sous les sièges 4 places où sont entassés systématiquement un minimum de 6 personnes plus celles posées sur leur genoux, tandis que les portes bagages ont déjà été réquisitionnés. Aaaah! Là c'est pro!

Au début, nous rigolons quand même pas mal, surtout en nous disant que 11 heures vont s'écouler ainsi, debout parmi les indiens à moitié endormis qui nous entourent. Nous ressentons à nouveau un immense respect pour ces gens capables de véritablement dormir à point fermés tout en étant debout! Nous avons essayé, sans succès...

Finalement, nous parvenons à nous asseoir au bord de la porte ouverte, le visage battu par le vent et la pluie, avant que l'on nous libère très gentiment 1 mètre carré par terre dans le couloir central. Nous parvenons même à y somnoler quelques minutes, gardant la tête bien vide et évitant de penser (j'ai pour l'occasion quitté ma montre pour ne plus voir le décompte des minutes). Au fil des heures, des places se libèrent sur les sièges. D'abord serrés, nous sommes bientôt à l'aise, et pouvons même nous allonger au bout d'un moment. Nous atteindrons le summum du luxe vers 4h du matin : Léonore peut s'allonger de tout son long sur une banquette, et je déploie notre tapis de sol sur un porte bagage. Un vrai wagon lit! Ca tranche quand même un peu avec les hôtels des 10 derniers jours... Finalement, contre toute attente, nous pourrons dormir une heure ou deux avant de débarquer légèrement groggy à Madurai vers midi. Une expérience enrichissante que nous recommandons à tous!

Pour continuer dans notre séance de remise dans le bain, nous explorons rapidement les environs, pour nous apercevoir que l'Inde a du se dire ''ils partent bientôt, je vais bien les charger!''... Après un thali revigorant, nous nous reprenons de plein fouet tout ce qui fait le charme du pays, les chauffeurs de rickshaw insistants comme jamais, les rues assourdissantes, les rabatteurs en tout genre qui vous sautent dessus, vous hurlent dans les oreilles et vous tiennent par la manche pendant 20 mètres, les mendiants... Et c'est la fête, nous revoilà en Inde, la vrai, la sauvage, la vivante! Les rues sont redevenues un cirque de carrioles, de camions, de bus, de voitures et de scooters, qui circulent en tous sens dans un vacarme de fin du monde, tandis que des flots de piétons se croisent au milieu des légumes et autre denrées alimentaire étalées à même le sol, entre les gargottes en taule et les échoppes. Et dire que certain trouvent Alleypey trop bruyante...

Nous revoilà donc dans le vortex, mais il faut avouer que notre endurance commence à montrer ses limites, et que les folies indiennes sont parvenues à nous fatiguer. Pour tout dire, nous pensons surtout au paradis d'Hampi... 3 mois en Inde, c'est bien. Plus, éventuellement, mais pas dans les mêmes conditions! Moins de grandes villes par exemple...

Notre objectif est de visiter le célèbre Sri Meenakshi Temple dans l'après-midi, puis de filer directement à Hampi. Pas de repos pour les braves! En plus il fait beau.

Nous rallions l'office du tourisme, où l'on nous explique que nous devons passer par Bangalore pour rejoindre Hospet puis Hampi, et on nous indique la rue où se trouvent toutes les agences privées proposant le trajet pour la capitale du Karnataka. Nous trouvons rapidement notre bonheur, et le départ est prévu pour 21h le soir même. Bim!

Nous partons déambuler un peu dans les alentours, jusqu'aux abords du temple, heureusement interdit aux voitures. Nous constatons que même en gardant la foule, la simple supression de la circulation rend le cadre nettement plus agréable!

le Nandi qui flash!


Les quatre tours monumentales marquant les entrées du temple nous apparaissent enfin. Alors autant nous voulions voir les temples grecs pour leur histoire, tout comme Persepolis en Iran, et nous voulions voir le château des assassins à Alamut pour les anecdotes historiques fameuses sur les Hashishyuns, autant là nous attendions la découverte du Sri Meenakshi, chef d'oeuvre de l'architecture dravidienne, pour son déluge de sculptures et de statues de toutes les couleurs! Et nous ne sommes pas déçu : les tours, appelées gopurams, débordent de représentations divines, démoniaques, mortelles, de colonnes, de gargouilles, le tout coloré à l'extrême mais pas à outrance, dans des tons plutôt pastels, avec des jeux d'ombre et des éclaircissements.



De nombreux hommes nous abordent en nous proposant de grimper gratuitement sur leur toits pour admirer le temple depuis les hauteurs. Renseignés, nous savons que l'objectif est bien entendu de nous vendre quelque chose ensuite, et nous acceptons une fois (pour une vue pas terrible d'ailleurs) avant de rembarrer.

Le temple n'ouvrant ses portes qu'à 16h, nous partons visiter le Pudu Mandapam, ancien temple du 10ème siècle, annexe du Sri Meenakshi, aujourd'hui désacralisé et occupé par un marché. L'endroit est étonnant et foisonne de vie et de nombreuses échoppes entre ses colonnes ouvragées. Des magasins de bijoux et d'accessoires attirent des foules de femmes, tandis que la plus grande partie du marché abrite des vendeurs de textiles et surtout des dizaines de tailleurs qui, alignés devant leurs machines à coudre, confectionnent vêtements, saris et costumes sur mesure.



Nous y flânons un moment avant de boire quelques thés en regardant l'animation de la rue et de faire un tour en cyber pour attendre 16h.

De retour au temple, nous laissons nos effets en consigne avant de rentrer. Il y a à peine un an, les appareils photo étaient autorisés moyennant 50 roupies... Malheureusement, ils sont aujourd'hui complètement interdits! Pas de photos des intérieurs à vous montrer donc, et c'est bien dommage, parce que la chose est époustouflante!

Le temple a été construit entre 1560 et 1680, et est dédié à Meenakshi, l'un des avatars de Parvati, l'épouse du dieu Shiva. Le seigneur a d'ailleurs un sanctuaire dédié à l'intérieur.

Intérieurs grandioses au demeurant. Le bassin du Lotus d'or (la fleur en question trône, immense et dorée, au milieu) jouxte un couloir tout en colonnes sculptées et colorées, au plafond duquel, entre les lotus, sont peintes des scènes de la vie de Shiva. Le coeur du sanctuaire de Meenakshi est malheureusement fermé aux non-hindous. Ce premier couloir donne sur une impressionnante statue de Ganesh, le fiston du couple divin à tête d'éléphant, dont le dhoti (pagne) est changer tous les jours.

Nous continuons dans un autre couloir grandiose et coloré, complètement vide, résonnant de chants religieux. L'ambiance et la spiritualité qui s'en dégage sont impressionnants. Ce couloir vide nous permet d'ailleurs, sans faire attention, d'accéder à la première enceinte du sanctuaire de Shiva, normalement fermée aux hérétiques (y'avait pas de panneaux!). Nous en sortons dès que nous nous rendons compte de notre erreur.

Devant le sanctuaire, décoré de dorures, se dresse Nandi, le taureau servant de monture au dieu Shiva, aux côtés duquel se déroule un curieux rituel : un éléphant (un vrai) tend la trompe vers les fidèles. Lorsque ceux-ci tendent un billet, l'éléphant s'en saisit, les bénit en posant sa trompe sur leur tête et transmet les deniers au cornac assit à ses pieds!

Durant tout ce temps, nous observons la foule de pèlerins venus se recueillir au temple. Comme d'habitude dans les grands temples hindous, nous constatons une pratique de la foi assez amusante et variée : certains sont fervents jusqu'à l'os, et mettent tout leur coeur à la dévotion de leurs divinités, d'autre sont venus en famille comme une sortie du dimanche à walibi, enchaînant rapidement les offrandes et les prières en riant avec les petits, les vaches sculptées devenant des montures pour les enfants. D'autres enfin se comportent comme si la divinité en question les surveillait, et que leur dévotion allait de soi mais les ennuyait, comme cet homme qui, pendant qu'il récite ses mantras, répond très discrètement à ses textos, comme un élève en classe ne voulant pas se faire voir du professeur. Dans tout les cas, la croyance et la dévotion sont toujours présentes et réelles, mais pratiquées différemment. Personne n'est là uniquement pour faire bonne figure, et nous le ressentons.

Ce qui casse un peu (beaucoup) tout ça, ce ne sont pas les dévots, quels qu'ils soient, mais la rangée de boutiques qui nous attend dans le couloir suivant. Des bondieuseries bien sûr, fleurs, bananes et offrandes en tout genre, mais aussi des jouets pour enfants, des pistolets en plastiques et des petites voitures, et des boutiques d'artisanats, avec leur rabatteurs qui vous interpellent! Où sommes-nous? La religions-business, ce n'est pas la première fois que nous la constatons, mais un marché touristique au milieu d'un des lieux les plus saint de l'Inde? Ce pays décidément...

Nous continuons dans le Mandapa aux mille colonnes (qui en contient en fait 985... Vraiment du grand n'importe quoi!), toutes différentes, encadrant une statue de Shiva et une collection de bronzes montrant un grand nombre de dieux et déesse. La salle est impressionnante.

Nous finissons par parcourir l'enceinte extérieur, en admirant les dômes sculptés et colorés qui hérissent le temple, avant de mettre les voiles.

Comme nous l'avons dit, notre appareil photo n'a malheureusement pas pu profiter du spectacle. Voici un petit mitraillage des tours extérieurs :



Encore une sacrée découverte (l'avant-dernière dans le pays...) qui nous en a mis plein les yeux!

Après un énième thé (il faut bien se requinquer avec une nuit blanche dans les pattes et une autre dans un bus en perspective!), nous rejoignons l'agence... Où l'on nous apprend que notre bus était overbooké, mais qu'un autre, proposant des couchettes, peut nous accueillir, moyennant un supplément... Et puis quoi encore? Après quelques minutes de négociation, le gars, pas trop coriace et conciliant, nous fait cadeau du supplément! Un voyage en couchette pour le prix d'une place assise!

Nous mangeons encore quelques beignets aux oignons avant de nous rendre dans une autre agence, puis de rejoindre notre bus où nous attend un lit deux place avec vue de l'arrière. Après le départ, nous nous endormons comme des loques.


Nous émergeons aux abord de Bangalore, vers 7h du mat. Bangalore... 7 millions d'habitants... Punaise vivement Hampi. Dès le débarquement, agence, billets pour Hospet, départ à...21h30. Raaaa. Et puis Bangalore, c'est nul. Rien à voir à part quelques musées. C'est en fait la capitale high-tech du pays. C'est vous dire si on a adoré...

Bref, nous cherchons un cyber après quelques thés pris dans les parages. Et punaise, il va nous faire marcher ce cyber, et avec les sacs sur le dos (faut se réhabituer en vue de l'Australie!). Tout commence par un blaireau. Nous trouvons un coin internet à deux pas de l'agence,  malheureusement le proprio, pour une raison restée obscure, refuse de nous laisser squatter à deux sur un seul PC! Les voies de l'Inde sont décidément impénétrables... Nous partons en vadrouille.

Les rues sont bondées, bruyantes, crasseuses. Les étals recouvrent les trottoirs, déjà petits, les rues sont saturées d'un trafic ahurissant qui circule sur 4 ou 5 voies... Pour nous qui n'aspirons qu'au calme mystique d'Hampi, ça pique! Nous marchons dans ce bourbier pendant près d'une heure, l'esprit éteint, demandant sans cesse notre chemin, pour échouer trèèès loin de notre point de départ, et passer la journée à bosser sur le blog et à vérifier tout le nécessaire pour notre départ en Australie, visas, billets d'avion, appeau à kangourou.



Nous retraversons le chantier du centre ville à la nuit tombée, pour embarquer dans une navette qui nous conduit à un terminal. A 22h30 (1 heure de retard que nous passerons sur le qui-vive de peur de rater notre bus), nous embarquons, pour découvrir que nous profiterons encore cette nuit de couchettes! On s'embourgeoise...



Ca y'est, demain matin nous serons à Hampi!

Et une troisième nuit en transport, une! Nous débarquons à Hospet, 15 kilomètres d'Hampi, aux premières lueurs de l'aube, pour rejoindre la gare. Avant de nous évader dans les étendues sauvages et sacrées, nous voulons régler tous les détails de notre retour à Cochin : direction le bureau des réservations, où après un petit café, nous bookons nos billets pour le 30 au matin (ce qui nous laisse 5 bons jours pour profiter du coin). Le retour, étudié minutieusement, nous fera passer par Margao (encore!), d'où nous prendrons un autre train pour Cochin, que nous devrions atteindre le 31.

Libérés de toutes contraintes, nos trains et avions étant réservés, notre paperasse achevée, (des fois c'est bien de prévoir à l'avance!), nous rejoignons le terminal de bus en rickshaw pour 20 petites roupies, et partons pour Hampi, avides de calme et d'exploration contemplative.


Hampi




Avant de poursuivre, une petite présentation des lieux s'impose.

Basiquement, Hampi est un petit village sacré au bord d'une rivière (non moins sacrée) perdu au milieu de tas de pierres qu'on sait pas trop comment qu'elles tiennent, environné de palmeraies, de bananeraies et autre forêts de cocotiers, le tout séparé par de vastes plaines rocailleuses couvertes de cactus et de buissons. Au milieu de tout ça, des centaines de temples et de ruines, des restes de forts, de colonnes, de villages, de sanctuaires couverts de lianes et de plantes grimpantes... Partout! Un trip d'explorateur fabuleux. Et quasiment tout est gratuit! Plus sérieusement, il se dégage du site une atmosphère incomparable et formidable. Arpenter les ruines, admirer le coucher du soleil sur la rivière, observer l'animation du village à la tombée de la nuit, les rituels au levé du soleil...



D'un point de vue mythologique, Hampi est le lieu de naissance d'Hanuman, le dieu-singe géant général en chef des armées de singes et d'écureuils, un des héros du Ramayana (l'autre grande épopée indienne avec le Mahabarata), sauveur de la princesse Sita (enlevée par un démon justement dans la vallée d'Hampi). Oui, il est trop fort Hanuman. Il aurait grandit ici il y a 1 700 000 ans, utilisant les pierres comme jouets, ce qui expliquerait la conformation géologique particulière du coin. Si c'est ça, il a laissé un sacré bazar. C'est également ici que Parvati conquit, à force d'austérités, le seigneur Shiva.



Enfin, historiquement, Hampi était la capitale du royaume Vijayanagara. Un royaume prospère, dont les fortunés princes battirent au 14ème siècle cette cité et ses nombreux temples, forts etc... La ville tomba dans l'oubli après deux siècles d'apogée, partiellement détruite par les armées du Deccan, une antique region de l'Inde centrale. Ce n'est que récemment que des fouilles furent entreprise et que le site devint célèbre. Il fut classé au patrimoine mondial en 1987.



Toute une histoire donc, au service d'un lieu qui va s'avérer magique à tous niveaux. A l'image de la Cappadoce, nous comptons visiter les points d'intérêts, mais aussi nous enfuir dans ces terres inexplorées au petit bonheur la chance, tel Indiana Jones et Lara Croft, pour découvrir des ruines disparues et des temples abandonnés. Comme nous l'avons dit, ici nous cherchons l'isolement, l'exploration et la nature.

Un dernier petit commentaire : on a souvent entendu pas mal de critiques au sujet d'Hampi, de la part de pseudo-routards et autre hippies de contrefaçons. C'est devenu trop touristique, il y a trop de monde, et j'en passe. Alors effectivement, si votre conception de la découverte de la chose est de rester sur un rooftop dans le village à siroter des lassis à la papaye, vous serez entourés de touristes. Forcément. Il fallait partir en vacance dans la Creuse si vous ne vouliez voir personne au coeur d'un village historique. Idem, fatalement, tous les principaux sites sont pas mal animés et grouillent de monde, d'appareils photos et de rickshaws. Evidemment, un site pareil, ça attire et c'est bien normal. Les gens y vont. Et nous aussi. Un endroit de cette envergure sans personne, ça n'existe pas. Donc si vous boycottez Hampi pour ça, vous boycottez pas mal d'endroits dans le monde.

En revanche, il est tellement facile de passer outre tout ça que rater Hampi pour les raisons mentionnées plus haut tient de la pure stupidité. Comme en Cappadoce, il suffit de quitter ses tongs (même si elles sont en chanvre de l'Himalaya), et de prendre n'importe quel chemin. C'est bon? Tourner à droite (ou à gauche), marcher une dizaine de minutes... Et c'est bon! Il n'y a plus personne, hormis les écureuils, les lézards multicolores, les singes (et accessoirement les scorpions ou les milles-pattes de 20 centimètres...), le bruit du vent et le cadre naturel éblouissant. Ca plus les ruines contre lesquelles on se cogne tous les dix mètres. Sur 25 kilomètres carrés, il y a de quoi faire! Donc si vous avez assez d'énergie (et il en faut peu) pour vous écarter ne serait-ce qu'un peu des sentiers battus, vous pourrez profiter d'un trip fabuleux. Sinon, et bien ne venez pas, ça fera plus de place aux autres. Fin de la parenthèse des râleurs.

Nous voilà donc débarquant de notre bus, trèèès usés par trois nuits passées sur la route, mais aussi impatient de découvrir l'endroit. Nous annonçons nos tarifs aux quelques rabatteurs qui nous attendaient, avant de suivre un homme sur l'ancienne allée principale au fond de laquelle se dresse un grandiose Gopuram. Virage à droite, nous voilà dans le petit village. De la boutique de souvenir à outrance mais bien intégrée, de petites maisons, une rue pavée où courent les enfants, quelques bribes de musique, des palmiers dans le fond. Bien sympa. Nous sortons de la zone touristique pour nous retrouver dans un coin beaucoup plus normal, dans une cour en terre battue entourée de maisonnettes. C'est là que nous allons loger, accueillis par le proprio gentil comme tout au milieu de ses petits qui gazouillent et des habitants souriants qui commencent la journée. La Netra Guest House. On s'y sent tout de suite bien, et à 150 roupies la nuit, c'est génial! A retenir pour dormir dans le village, le vrai.



Et puis... Non, pas de sieste, nous partons vadrouiller la zone. Se reposer, et puis quoi encore? Nous constatons que dans le centre du village et aux alentours, les chauffeurs de rickshaws, vendeurs de cartes postales et gamins sont trèèès insistants... Espérons qu'il n'en sera pas de même partout... Notre patience s'effrite de plus en plus, au mieux nous ne répondons même pas, au pire nous envoyons sur les roses instantanément.

Nous commençons par le Virupaksha Temple, dont nous avons aperçu de loin le grandiose gopuram. Le temple, dédié à Shiva (dont Virupaksha est l'une des formes), est le dernier datant de l'époque de l'empire encore en activité. Edifié au 7ème siècle, avant la construction de la capitale, il fut réaménagé et agrandi par la suite. En plus des merveilles architecturales, nous y croisons énormément de singes, ainsi que l'éléphant du temple chargé de bénir les fidèles. Nous assisterons même à sa séance de maquillage.



Au passage... Ouai, trop génial, y'a des singes et c'est un lieu trop sacré et tout, et... Non. Les singes qui pullulent ici, volant et pillant les cultures, ont été relâchés dans la nature pour les besoins du film ''Hanuman''. Et devinez de quel pays vient Frédérique Fougea, le producteur qui a tourné le film? Avec le nom, ça devrait être facile...

Nous quittons le temple pour nous rendre au bord de la rivière et nous reposer un moment. L'endroit est calme, l'eau glougloute, les oiseaux chantent, le linge sèche sur les marches des gaths. Tous les rochers sont sculptés, et nous apercevons un lézard tout de jaune vif et de noir vétu. Il fait beau et nous soufflons, en silence, profitant de la sérénité ambiante après 3 jours sur la route où dans des villes bruyantes... Après 3 mois en Inde, qui mine de rien nous ont bien fatigués...



Nous rejoignons ensuite les collines proches du village, où se dresse le temple d'Hemakutam. C'est en fait un complexe de sanctuaires et de temples, situé sur un promontoire rocheux duquel la vue sur la vallée et sur le Virupaksha Temple est formidable (même si le ciel se couvre). Plus que la richesse architecturale, c'est l'atmosphère contemplative et zen du coin qui est envoûtante. Et il n'y a pas un chat... Par contre qu'est ce qu'il y a comme singes!




Nous traversons ce désert de roche, de ruines et d'herbe rase pour aboutir au temple de Ganesh, aux colonnes richement gravées, qui abrite l'une des plus impressionnante et plus grande sculpture monolithique du site.




Nous continuons vers le sud pendant quelques minutes (quand on disait qu'il y en avait partout!) pour rejoindre le temple de Krishna, construit en 1513. Tandis que nous sommes à l'intérieur, la pluie se met à tomber, mais l'avatar de Vishnu nous protège! Ca met l'ambiance.



Continuant sur la route du sud, nous arrivons à la statue de Lakshmi Narasimha, quatrième incarnation de Vishnu. Sans doute la plus impressionnante que nous verrons ici. Assit sur un serpent à 7 têtes, le naga, avec son visage de lion qui nous observe de ses grands yeux, la statue a malheureusement été vandalisee : auparavant, l'incarnation portait sur son genou gauche Lakshmi, l'épouse du dieu.



Nous trouvons à côté un petit temple rempli d'eau dédié à Shiva, au centre duquel se dresse un lingam, son symbole phallique. Le but du jeu ici est de parvenir à jeter une pièce au sommet pour s'assurer les bonnes grâce du seigneur.



Nous remontons ensuite à Hemakutam, profiter d'un semblant de coucher de soleil, avant de nous décarcasser pour trouver un thali pas cher. Chose faite, nous rentrons enfin nous effondrer.



Au matin, nous partons à pied vers l'est en longeant la rivière pour rejoindre le Vittala Temple, le plus fameux de la région. 2 kilomètres de marche le long d'un sentier magnifique, où nous croisons plages rocheuses et étendues parsemées de ruines. Les vestiges qui apparaissent de tous côtés, sur les collines et dans la forêt, titillent nos envies d'exploration, nous nous dispersons un peu mais gardons tant bien que mal le cap du temple...

On y va? On y va?
un mignon petit mille-pattes...


Vittala est une des formes de Vishnu. Le temple qui lui est dédié est formidable! En revanche, c'est l'un des seul sites payant de la zone, 250 roupies. Construit au 15ème siècle, il se compose d'un mur d'enceinte entourant moult pavillons, temples et sculptures. L'ensemble est complexe, finement ouvragé et magnifique.

le célèbre chariot de pierre
Le Kalyana mandapa et ses colonnes musicales
Hanuman
le Mahamandapa


Après cette visite merveilleuse mais plutôt cadrée, nous ne pouvons résister à une petite escapade à la sauvage dans les rochers. Nous découvrons une place de choix pour admirer la vue sur la rivière. Là encore, en silence et seuls au monde!



Nous voulons rejoindre l'entrée de la ville royale cet après-midi, et il s'avère que sur la carte, un itinéraire de rando y conduit. Il paraît simple... Sur la carte!

Notre chemin nous conduit tout d'abord au temple Achyutaraya. Perdu au milieu des palmier et des collines de roches, caché dans la végétation, sa découverte nage dans une ambiance ''exploration de temple abandonné'' jouissive! Consacré en 1534, il est dédié à Tiruvengalanatha, l'une des formes de Vishnu (oui, il en a beaucoup!).



Encore une fois, nous profitons du coin dans le calme et la solitude la plus totale. Nous explorons le temple dans ses moindres recoins, avec la sensation d'être les premiers à y mettre les pied. L'atmosphère qui y règne est chargée d'histoire mythologique et de sérénité.

Nous suivons un chemin qui a l'air d'être le bon. Sauf que pour rejoindre la Royal Enclosure, au sud, le chemin nous fait passer par-dessus l'une des collines qui surplombe la vallée. L'occasion pour nous de faire chauffer les cuisses sur d'énormes marches de pierres, mais aussi et surtout d'apprécier de fantastiques points de vue sur la zone. Nous découvrons même un nouveau petit temple (le Virabhadra) au sommet de la colline, avant de redescendre de l'autre côté sous le ciel qui se dégage.

Temple Virabhadra
Elle a trop la classe ma Léo!


Nous voilà à progresser au bas de la colline par des sentiers qui tiennent plus de la piste pour chèvre, escarpés et riquiquis. Toujours personne dans les parages, pour notre plus grand bonheur. Nous escaladons, sautons, franchissons des rivières déchaînées, et parvenons en entier sur la route de la cité royale, après avoir traversé des plaines arides sur lesquelles paissent vaches et chèvres.

une rivière déchainée


Nous arrivons au nord de la cité. Celle-ci comporte de nombreuses ruines, qui s'étendent sur plusieurs kilomètres vers le sud. Pour aujourd'hui, nous nous contenterons des monuments de la partie nord, à savoir :

La Zenana Enclosure (accessible avec le billet du Vittala temple), vaste enceinte protégeant divers bâtiments constituant le harem du roi :

Fondations du palais de la reine
Lotus Mahal
tour de garde


Et l'Elephant stable (l'étable des éléphants). Le roi possédait près de 800 éléphants, dont les meilleurs avaient droit à leur chambre de luxe dans les étables :

Nagani


Nous retrouvons les foules de visiteurs, mais leur faussons rapidement compagnie en partant vadrouiller derrière l'enceinte. Nous nous comportons vraiment comme des gros ours solitaires, mais nous en avons sué des foules, zut!

Nous attendons la fin d'après-midi pour nous boire à la paille une petit noix de coco en face des etables, avant de rentrer. A nouveau, nous essayons de quitter la route, mais cette entreprise s'avère périlleuse...

Why not coconut?


Suivant un ''raccourci'' ayant démarré comme un splendide petit chemin, nous nous retrouvons bientôt à vagabonder dans une bananeraie, complètement paumés, avant de patauger dans la boue d'un champs de canne à sucre.

Mais nous sommes des velus, et grâce au soleil, nous mettons le cap à l'ouest et rejoignons la route. Cette fois, nous la suivons sagement, et elle n'est pas désagréable à parcourir, même si nos pieds foulent du goudron.

''raccourci'' à travers une bananeraie


Nous passons bon nombre de temples, certain anciens, d'autre récents, où se déroulent les prières de la fin de journée.

Après quelques kilomètre de marche au milieu des plantations et de la verdure, nous mettons le cap vers Henakutam. Le ciel étant totalement dégagé, nous espérons profiter d'un coucher de soleil digne de ce nom dans ce lieu tellement spécial!

bazar de Krishna


Alors oui, je sais, il y a déjà des photos d'Hemakutam et de la vue du Virupaksha Temple, mais nous n'avons pas pu résister à l'envie de vous montrer le rendu de la chose sous les rayons du soleil couchant!



Les étendues du temple sont pleines de bestioles. La faune environnante est elle aussi venue dire au revoir à l'astre du jour! De nombreuses vaches sont en train de brouter, mais c'est surtout les singes qui nous surprennent : ils se sont donnés rendez-vous pour profiter eux aussi du spectacle! Les Primates s'assoient sagement face au soleil couchant. Quand aux oiseaux et aux lézards, ils occupent les places restantes.

Baston de vaches sacrées!


Tous assis sur le promontoire rocheux battu par les vents au milieu des ruines, à regarder dans la même direction en silence, humains et animaux saluent Surya, le dieux soleil, qui embrase l'horizon avant d'aller se coucher. Un moment incroyable et magique.



Après un frugal repas, nous ne sommes pas mécontents de nous pieuter. Parce que oui, on avait dit qu'on se reposait, mais si la détente psychologique est bien au rendez-vous, physiquement nous bourrinons quelque peu. C'est ça de nous mettre dans un coin pareil...

Histoire de continuer sur la lancée, au matin nous louons des vélos pour terminer notre visite de la Royal Enclosure.



Nous attaquons 5 kilomètres au sud de la ville, par les bains de la reine. D'architecture indo-islamique, il comprend un ingénieux système de remplissage. Des musiciens venaient jouer sur les balcons entourant le bassin pendant la trempette de madame.

Sacrée baignoire!


Comme on ne se refait pas, nous tirons un peu dans la cambrousse et ses innombrables ruines!

Lara Croft n'a qu'à bien se tenir!


Nous remontons au nord pour atteindre la cité royale, vaste enceinte entourant les ruines de ce qui fut jadis le coeur d'une capitale florissante (43 bâtiments, dont les résidences royales, salle de conseil, palais, maisons des serviteurs, bains publics etc...). A présent, il n'en reste que de nombreuses fondations.



Certains édifices demeurent bien conservés :

Le Mahanavami Bidda, édifice réservé aux cérémonies royales, a été construit en granit au 16è siècle. Les bas-reliefs qui ornent ses contours sont impressionnants.



Le système d'irrigation

réservoir d'eau


Après un énième petit tour au pif dans la caillasse, nous atteignons le Hazararama Temple, édifié en l'honneur de Rama, héros du Ramayana, au 15è siècle. Les frises et ornements qui décorent ses murs racontent la célèbre épopée.

Mahamantapa et ses piliers polis


De bien jolis monuments, forcément bien occupés par les touristes. Baste!

Nous laissons les vélos et partons à travers la campagne. En 10 minute, nous sommes au milieu de nul part! Oui, on se disperse, mais après tout comment faire autrement quand des centaines de ruines abandonnées vous entourent de toutes parts et vous font de l'oeil?



Nous rejoignons les sentiers battus et proprements aménagés pour aller nous enfoncer dans les profondeurs du temple souterrain de Shiva, datant approximativement du 14è. 

Souterrain car l'entrée du temple est en fait son premier étage. Un endroit au charme particulier, pas forcement génial du point de l'architecture, mais avancer à la torche dans les sombres couloirs alors que les chauves souris nous frôlent, c'est pas mal! Et les chers mammifères volants se chargent en plus de faire fuir les touristes. Les abords du temple, couvert de végétation, sont agréables à parcourir. Là encore, on s'y croit!



A la sortie du temple, nous rencontrons deux indiens en pleine maraude, tout excités par leur premier voyage dans leur pays. Rien qu'en inde, ils ont de quoi faire! Leur projet est ensuite de taper Manali-Alleypey en vélo! Nous leur souhaitons bonne chance.

Nous remontons vers le nord pour nous taper un petit casse-croûte de riz soufflé et de piments avec les chauffeurs de rickshaw du coin, et nous décidons de rentrer. Oui, comme nous le disions, n’oublions pas que nous sommes venus ici pour nous poser un peu.

Nous glandouillons au village, à l’aide de quelques thés dans une gargotte, de déambulations dans les ruelles, de petite pause en cyber (où nous rencontrons Thibault, français en vadrouille qui s'apprête à partir à la chasse à cour dans les collines avec des chauffeurs de rickshaws!), avant d'embarquer la noix de coco que nous avions acheté à Alleypey pour aller trouver un tronçon de rivière bien paumé et la déguster au coucher du soleil.

Oui, nous nous trimbalons une noix de coco depuis quatre jours. Tout simplement parce que nous n'avons rien pour l'ouvrir (c'te question...)! Ce soir, nous résolvons le problème en la mettant dans un sac et en la fracassant sauvagement sur les rochers...



Nous nous levons le lendemain au son du réveil, afin d'aller voir le bain de l'éléphant du temple.

Malheureusement, point de pachyderme à l'horizon malgré une longue attente, pas ennuyeuse pour un sous étant donné que les gaths grouillent de vie au lever du jour.

Au programme... Fuite dans la brousaille bien sûr! Nous prenons des forces avec un petit thé à la canelle, le temps d'apercevoir sur notre route le cadavre d'un scorpion d'environ 15cm... Nous repassons chez nous histoire de troquer les tongues contre des chausses un peu plus sécurisantes...



Et oui, nous consacrons la journée à l'exploration gratuite et hasardeuse. Notre méthode est simple : nous prenons la carte des lieux, et repérons les zones laissées en blanc. Ensuite, nous nous y précipitons! Premier spot découvert le long de la rivière, dans un endroit abandonné, où quelques temples et grottes nous attendent après une petite escalade.



Après un bon crapahutage, nous continuons en direction d'une vallée déjà approchée durant les jours précédents. Les premiers temples sont à portée de main, mais les suivants, visibles de loin, ne sont accessibles qu'au prix de pas mal d'égratignures dans les fourrés. C'est ce qu'on aime!

Nous voilà à vadrouiller dans une plaine toute en roche et en verdure, occupée par plein d'oiseaux et de reptiles en tout genre. Nous profitons de l'endroit un bon moment, avant de repérer une colline qui n'avait l'air pas si haute que ça...



La colline domine la vallée de ses hauts cailloux. Tant bien que mal, nous dénichons un sentier qui grimpe à travers le chaos rocheux.

Nous voilà bondissant de pierres en pierres, un peu refroidis à l'idée de poser le pied dans les hautes herbes (réminiscences du scorpion croisé dans la matinée. De plus, il paraît que les cobras abondent dans le coin... Pays de fous va!).

Après une bonne heure d'escalade, qui nous fait entrevoir un panorama de plus en plus grandiose, nous atteignons dégoulinant de sueur l'empilement improbable de roches qui constitue le sommet de la colline (finalement un peu plus haute qu'à première vue...). De là-haut, la vue est somptueuse, et les cheveux au vent, nous laissons nos regards se perdre à l'horizon.



Encore un spot merveilleusement contemplatif, sur lequel nous resterons deux bonnes heures avant de nous casser les jambes sur la descente pour rejoindre la vallée.

Fourbus mais heureux, nous réinvestissons dans une noix de coco et quelques biscuits à la noix de cajou, que nous allons déguster dans le havre de paix découvert la veille. Que nous sommes bien!

Et déjà plus qu'un jour à passer ici... Plus qu'un jour à vadrouiller en Inde... Plus qu'un jour avant de nous prendre le retour de flamme occidentale dans les dents avec l'Australie...



Nous nous restaurons auprès d'un stand de rue dont la tambouille nous met le feu à la bouche (sachant que nous mangeons des piments natures en guise d'apéritif, c'est dire si elle arrache!), avant de rentrer.

De retour à la guest house, nous apprenons qu'en fait, le bain de l'éléphant était à 9h et pas à 7!

Le lendemain, nous sommes sur place, à l'heure, sous le ciel gris mais sec, à profiter encore une fois de l'ambiance des gaths à l'aube quand môsieur arrive enfin. Après avoir béni quelques dévots, la grosse bestiole s'affale dans l'eau et se laisse dorloter par ses gardiens.



Nous embarquons ensuite dans un bac qui rejoint l'autre rive de la rivière, pour une balade de 10 kilomètres de l'autre côté de la vallée.

Nous qui pensions pouvoir la faire à vélo, nous en sommes pour nos frais : aucune bicyclette n'est disponible hors saison de l'autre côté de la rivière, seulement des scooters et des motos (dont les proprios s'avères particulièrement lourds...). Evidemment, hors de question de parcourir ces étendues sur un engins à moteur, et c'est à pied que nous partons pour une sacrée trotte débutant à travers des rizières et de nombreuses ruines.



Premier arrêt : la colline où se dresse le temple d'Hanuman, qui aurait médité ici pendant 7000 ans (on doit en piger des choses en 7000 ans de réflexion!).

Le temple en lui-même ne présente pas vraiment d'intérêt, mais le point de vue qu'offre la colline est sympa, bien qu'incomparable avec celui dont nous avons jouit hier. Et en prime, les foules de pèlerins qui grimpent l'immense escalier qui mène au temple. Les singes, bien sûr, ne sont pas en reste.



Nous continuons pour atteindre le temple de Lakshmi. A nouveau, nous avons été habitués à mieux, mais son bassin sacré vaut le coup d'oeil.



Nos pas nous emmènent ensuite au Durga Temple, où nous débarquons en pleine prière. Sur les conseil d'un fidèle, nous continuons à marcher pour trouver un temple dédié à Shiva et diverses ruines.



L'après-midi débute, et nous sommes affamés. Pas le moindre grain de riz à se mettre sous la dent dans les parages...

Nous arrivons à Anegondi, petit village perdu dans la vallée. Donc, à noter, si les touristes d'Hampi vous portent sur le système, 1 heure de marche suffit à rejoindre ce petit coin en bordure de rivière où les gens souriants ne doivent pas souvent voir passer des étrangers.

Chariot de Sri Ranganath, Anegondi


Nous y dévorons (enfin!) un tas de riz soufflé et des beignets au piment, avant de faire un tour dans les environs.

Les enfants courent, le linge sèche sur les terrasses, le petit village est tranquille tout plein et très agréable à parcourir. Nous nous rendons aux vestiges du palais de la ville et au temple, sur le chemin duquel la quasi totalité des gens que nous croisons nous abordent pour faire un brin de causette. Décidément, l'accueil de ce côté de la vallée est très chaleureux!

Anegondi Palace



Nous suivons ensuite un panneau indiquant ''Hampi'' pour découvrir un autre bateau, qui nous amène à quelques kilomètres du Vittala Temple! Tout aurait été parfait si la carte du routard avait été complète... L'absence d'une route apparente dans la zone où nous sommes sur cette dernière nous fait marcher près de 45 minutes dans la mauvaise direction...

A nouveau une journée bien remplie, avec la découverte d'un petit village sympa et tranquille, où pour une fois nous n'avons pas été assaillit de toute part par des vendeurs en tout genre!

Et nous y sommes. Demain, c'est le départ. Hampi nous a botté, et nous quittons cet endroit magique et en dehors du temps à regret. Nous y serions bien restés trois semaines! Ce fut calme, ce fut beau, ce fut une digne conclusion de notre petit tour en Inde.

Le lendemain, nous quittons Hampi en rickshaw avant le lever du soleil, débarquons à Hospet, et prenons le train à 6h30 pour atteindre Margao en début d'après-midi, sous une pluie torrentielle. Nous passons les quelques heures d'attente de notre correspondance pour Cochin au cyber du coin, à cravacher pour publier l'article que vous êtes en train de lire. Nous nous dégotons dans la foulée un plan couchsurfing qui nous attend sur la plus belle plage du Victoria en Australie!

Le soir venu, nous rejoignons la gare, pour discuter un peu avec un groupe de jeunes en vacances (ainsi que deux policiers quelque peu zélés...), avant d'embarquer pour la dernière fois dans un train indien et de nous coucher sur nos banquettes de skai.

Nous rejoignons Cochin dans la matinée du lendemain, pour prendre une piaule dans le quartier d'Ernakulam et finir notre rédaction.

Nous pensons aux derniers jours que nous venons de vivre... Madurai et le retour dans la violence brute de l'Inde, pour la découverte d'un temple magnifique. Hampi, qui a été zen, merveilleuse avec son ambiance si particulière. Nous sommes ravis d'avoir terminé nos vadrouilles sur un site aussi merveilleux!

Nous quittons l'Inde ce soir. Un gros morceau, une énorme page qui se tourne. Avant d'arriver ici, nous avions entendu tous les avis possibles sur ce pays qui ne laisse personne indifférent, sans réussir ne serais-ce qu'à nous faire une idée du délire sur place. A présent que nous y avons passé quelques temps (près de trois mois pour être exacte), nous voilà à notre tour dans l'incapacité d'expliquer concrètement l'Inde.

L'Inde est un tout mais part dans tous les sens, l'Inde est unique mais rassemble, l'Inde est mine de rien cohérente mais c'est un bazar indescriptible. L'Inde vous attrape et vous secoue sans ménagement dans tous les sens. Ici, tout au long de la journée, on passe du rire à la détresse, de la joie à la colère, du calme à l'excitation, de l'émerveillement au dégoût, et ce toutes les 5 minutes.

Une histoire plusieurs fois millénaire ahurissante, avec les aryens, les moghols, les européens. Avec les rajas, les empereurs, les colons.

Un pays fou de croyances, montrant un fouillis religieux sans égale, qui rassemble des hindous, des musulmans, des bouddhistes, des sikhs, des chrétiens, des juifs, tous fervents pratiquants. Des religions omniprésentes partout, adaptée (ou pas...) aux réalités actuelles. Pour citer un exemple, il faut savoir que le parlement de Delhi a donné un statut judiciaire aux dieux du panthéon hindou, pour leur permettre d'être propriétaire comme tout le monde!

Un pays pétri de traditions et de coutumes ancestrales, mais un pays moderne.

Un pays rempli de merveilles et de laideur.

Une mosaïque culturelle extraordinaire.

Il n'y a pas de bons ou de mauvais côtés de l'Inde, il n'y a que des composantes d'un tout complètement barré, un pays de tous les extrêmes, merveilleux par moment et dégueulasse par d'autre.

Un milliard deux cent millions d'âmes, la densité de population la plus grande de la planète, avec des très riches, et des très très pauvres.

Un pays qui fatigue, qui use, mais qui marque à jamais.

Un pays de pourquoi, de questions, d'absurdité et de logique.

Un pays qui montre comment l'humanité peut tourner en situation socio-climato-démographique extrême.

L'Inde est le pays qui nous aura le plus impressionné, et ce que nous y avons vécu restera gravé dans nos esprits pour le restant de nos vies.

Nous ne sommes pas écrivains, nous n'avons pas la prétention de dire que nous pouvons expliquer un truc pareille, et nous laissons donc le mot de la fin à Dominique Lapierre, qui résume assez bien la chose dans La Cité de la Joie :

''L'Inde!
Un continent d'un potentiel de richesse exceptionnel où survivaient des zones et des couches de pauvreté accablante.
Un pays d'intense spiritualité et de sauvages conflits raciaux, politiques et religieux.
Un pays de saints comme Gandhi, Aurobindo, Ramakrishna,Vivekenanda, et de responsables politiques parfois odieusement corrompus.
Un pays qui fabriquait des fusées et des satellites (ndlr : et des bombes atomiques...) mais où huits habitants sur dix ne se déplaçaient qu'au pas des boeufs tirant leur charrois.
Un pays d'une beauté, d'une variété incomparable et de hideuses visions commes les bidonvilles de Bombay ou de Calcutta.

Un pays où le sublime côtoyait souvent le pire, mais ou l'un et l'autre étaient toujours plus vivants, plus humains, et finalement plus attachant qu'ailleur.''

Le Petit Tour continue. Il a à présent besoin de carburant, et nous allons le chercher en Australie, l'Eldorado du voyageur. La claque, après 2 mois et demi au Népal et 3 mois en Inde, promet d'être monumentale. Nous nous y sommes préparé tant bien que mal, mais l'ambiance générale qui règne en Asie nous plait. L'Australie promet d'être géniale, mais le retour en occident va piquer.

Nous décollons ce soir à 23h30, pour une escale à Kuala Lumpur et une arrivée à Melbourne le 2 août à 23h30.

C'est le moment de faire chauffer les pouces, de décrasser la tente, et de plonger au pays des kangourous!

2 commentaires:

  1. Mais avec tout ces voyages, est ce que tu a pris le temps de te tordre la cheville le 14 juillet ? C'est la base, sans ça l'été ne serai pas complet.J'essaye de vous avoir sur skype sans succès depuis un moment.Xav est rentré en france pour la semaine, du coup on en profite faire des truc de lyonnais, comme déguster de plats typiques , les kebabs. J’espère pouvoir vous parler sur le net bientôt.A+ et bon voyage (réalisez mon rêve et faites des joutes à dos de kangourou, l'occasion ne ce représentera pas de si tôt, croyez moi)

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    1. Helas non, cet ete gardera un je ne sais quoi de non-tordu... Que veux-tu, avec l'age on s'assagit, on fait attention! Pour le coup ce n'est pas plus mal tu me diras.

      Le decallage horaire commence a jouer sur nos heures de connexion par rapport a la France, du coup on est pas souvent sur Skype aux heures ouvrees. Et la c'est encore pire, on a 8h de decallage depuis l'Australie.

      Sinon les kangourous n'ont pas encore pointe le bout de leur nez, mais on a vu des petits pingouinots et des opossums, deux bestioles qui, tu seras d'accord, petent la classe.

      On risque de pas se connecter des masses dans les semaines qui viennent, on va chercher du boulot et trimer. L'argent ne fait pas le bonheur, mais quand t'en a plus t'es comme un ouf...

      On essayera quand meme de se trouver un moment, d'ici la passes le bonjour a tout le monde, gavez vous bien, embrasse les paves lyonnais de notre part (pas trop fort quand meme), on te fait plein de biz, de poutous, de mamours, de roudoudou, tout ca tout ca. A bientot!

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