dimanche 15 juin 2014

Rêve éveillé au pays des rois : le Rajasthan


Bonjour!

Nous nous apprêtons à quitter Jaisalmer pour rejoindre Udaipur, notre dernière destination du Rajasthan. Nous avons découvert ce pays formidable comme dans un beau rêve, multicolore, bleu, rose et doré, musical, rempli de chaleur et de merveilles. Le faste des Maharajas nous a emporté, avec son cortège de villes fantastiques, de palais, d'animaux, de dunes de sable, de temples et de ciel étoilé.

Après nos vadrouilles très touristiques à Delhi et à Agra, nous avons enfin rejoint ce Rajasthan que nous attendions tant.

Alors oui, on est comme ça nous, après l'hiver en Europe, les -15 degrés des montagnes turcs ou de l'Himalaya, nous allons nous paumer dans le désert indien en plein été... Des fois on se demande.

Alors oui, nous flirtons avec les 50 degrés tous les jours, mais nous prenons la diversité indienne en pleine poire depuis notre arrivée. Le Rajasthan est une contrée magique, qui nous a fait chaque jour rêver un peu plus.

Autant Delhi et Agra nous ont gonflé par leur ''touristitude'', autant à présent nous recommençons avec délice à nous éparpiller dans tous les sens. Aucun jour ne ressemble au précédent, et les rencontres, découvertes, instants formidables, se multiplient dans un délicieux désordre (attendez de voir ce que nous avons vécu à Jaipur!). Les événements s'enchainent et nous tombent dessus, pour notre plus grand plaisir, sans que nous sachions comment. Ca fait un moment que nous avons arrêté de chercher à comprendre.

Paradoxalement, nous remarquons que notre petit tour en Inde se déroule comme sur des roulettes, sans impairs d'aucune sorte (mis à part bien sur la température torride qui nous écrase jour et nuit...). Après un mois passé ici, nous pouvons dire que nous trouvons le pays formidable pour le moment, même si il met parfois les nerfs à rude épreuve. Et le Rajasthan est un rêve!

Notre visite du four a commencé à Jaipur, plus grande cité du Rajasthan. Notre séjour dans la ville n'a pas été spécialement marqué par des visites inoubliables, mais plutôt par des rencontres assez ahurissantes, des amis, des moments formidables passés avec eux, qui nous ont marqué pour un bon moment. Ca nous avait manqué! La cagnotte a servit une fois de plus à faire des heureux, détails ci-dessous.

Nous avons ensuite rejoint Pushkar, petite ville sacrée d'un calme reposant après les folies des trois grandes villes précédentes. Ambiance mystique et piscine (oui oui, piscine!), repos et balades, nous nous y sommes plu.

Nous sommes arrivés à Jodhpur, la cité bleue, dont les vieux quartiers ont conquis nos âmes d'explorateur. Nous nous y sommes perdus avec délice!

Durant toutes ces semaines, nous avons encore réduit nos dépenses (oui oui, c'est possible!) au strict minimum : samossas, riz, lentilles pour les repas, nuits sur les toits, et pour la première fois... Zappage de visite. Nos dépenses frisent l'insignifiance (à Jodhpur, après de longues recherches du ''cheaper of the cheapest'', nous avons réussi à manger pour 120 roupies par jour à deux (soit 1.50 euros)), mais c'était pour la bonne cause : nous voulions garder nos sous pour une petite sortie dans le désert à Jaisalmer et un tour en dromadaire!

Jaisalmer, justement, à été formidable en tout point : ville merveilleuse, rencontres, et en ce qui concerne le désert... Vous verrez bien! Pour le moment, c'est la cité d'or que nous avons préféré!

Udaipur fera l'objet d'un article plus tard.

Récit de la découverte du fantastique pays des Maharajas.


Jaipur et la Gypsy colony




Nous quittons Agra pour Jaipur en train à 5h du matin, en seconde classe comme à notre habitude. Le trajet se déroule bien, jusqu'au levé du soleil et le remplissage du train à ras bord... La fin de parcour est du coup très convivial, compressés-collés-serrés que nous sommes!

Les étendues que nous traversons annoncent le désert qui approche, et nous débarquons dans la ville rose sous le cagnard, comme d'habitude en étant obligés de pousser la foule qui s'agglutine pour monter dans le wagon... Ca fait partie des choses incompréhensibles : les uns veulent monter, les autres veulent descendre, mais personne ne cède. Alors avec nos sacs... Mais nous n'avons plus aucun scrupule à nous lancer dans le poggo, c'est comme ça que ça marche!

Notre nouvelle politique économique impliquant de ne plus prendre de rickshaws, c'est à pied que nous parcourons les 5km qui nous séparent du centre, pour dégoter une piaule non loin de la vieille ville. Nous utilisons comme à l'accoutume... les chauffeurs de rickshaw, qui non content de nous trouver une chambre dans nos tarifs prennent aussi une commission de la part de l'établissement qu'ils nous ont recommandé. Quand on sait que les gars dorment dans leur véhicule et travaillent 24h sur 24 pour une somme misérable, c'est avec plaisir que nous leur permettons d'avoir un petit plus, déjà que nous ne les utilisons plus...

Les sacs posés, nous repartons en fin d'après-midi.

Nous n'atteindrons pas la vieille ville aujourd'hui : un homme nous appelle, nous salue, et nous voilà embringués dans une de ces folles histoires que nous aimons tant. Nous ne savons pas si c'est nous, les gens ou les deux en même temps qui provoquent ces moments extraordinaires, mais l'essentiel est qu'ils arrivent.

Au moment où nous sommes en train de nous dire, complètement blasés, que les secteurs touristiques indiens nous poussent à ne même plus répondre quand on nous parle, le ton de l'homme qui nous salue, dépourvu de la petite intonation obséquieuse du gars qui a quelque chose à vendre, nous fait nous retourner. Nous discutons un peu avec lui, et il nous propose de nous présenter à sa famille de musiciens, avant de nous offrir deux marionettes artisanales rajasthanies! Ca y'est, nous avons un souvenir traditionnel!

Nous acceptons, convaincus par la sympathie du bonhomme. Il nous paye le rickshaw, et quelques minutes après nous débarquons dans la Gypsy Colony : un quartier complètement entouré d'un haut mur, un slum où s'entassent des cases minuscules séparées d'étroites ruelles couvertes de plein de choses qu'on veut pas savoir ce que c'est.

Si nos yeux découvrent un endroit respirant la misère, nos oreilles résonnent et s'émerveillent des airs de musique qui jaillissent de toute part!

Nous suivons notre ami sur de petits chemins, au milieu de cahutes qu'on ne peut pas qualifier de maisons. 4 murs délimitant quelques mètres carrés, des toits en taule tenus par des pierres, formant des baraques qui s'entassent les unes sur les autres et plus de 1000 personnes qui vivent avec rien. Nous n'apprendrons que le lendemain le pourquoi du comment de l'existence de ce lieu, marqué sur les cartes de la ville mais paraissant être un immense bidonville.

Nous entrons dans l'une des baraques, où nous trouvons deux jeunes garçons parlant bien anglais, et même un peu de francais. Ils attrapent bientôt leur percus et se mettent à jouer, pendant que le père nous apporte des thés. Les petits gars assurent, tant sur des rythmes traditionnels que contemporains (ils nous jouent même ''Frère Jacque'', en chantant en français s'il vous plait!). Ca rigole, ça fait du bruit, c'est super!

Nous sommes rejoint par d'autres jeunes hommes, d'environ notre âge, qui nous propose de rejoindre le toit de la baraque, plus frais. Nous faisons ainsi la connaissance de Raji, Billu, et Lucky, avec qui nous passerons les deux prochains jours.

Les gars nous parlent comme à des frères, nous avons une vrai affinité avec eux, et nous en apprenons plus sur eux. Ils ont monté une troupe de spectacle de marionettes et de musique. Tous musiciens, ils se produisent partout en Inde, et dans d'autre pays. Ils ont par exemple participé plusieur fois au festival d'Avignon! A côté, ils donnent bénévolement des cours de musique aux enfants de la colonie, qui n'ont pas accès à l'école, dans un local et avec du matériel financé par ce que rapporte leurs spectacles. Ils mettent tout leur argent dans ce projet, seul chose qui compte à leurs yeux.

Nous jouons ensemble, pour une séance de musique franco-rajasthanie ma foi convaincante, avant qu'ils nous proposent de passer la soirée avec eux. Nous faisons la connaissance des enfants de la colonie qui passent nous voir, curieux, puis souriant et rieurs, avant d'écouter le patriarche du coin jouer de son harmonium qu'il maitrise à la perfection. Accompagné de Raji, il nous emplit les oreilles de musique traditionnelle.

Nous passons ensuite à table, sous une tente assis à même le sol. Raji est un cuisinier hors pair, et il nous prépare chapatis et poulet. Aaah! Du poulet! Nous n'avions pas mangé de viande depuis Kathmandu, plus d'un mois plus tôt, et nous nous confondons en remerciements.

La soirée est formidable, pleine de chants et de musique. Leur projet d'école de musique leur tient à coeur, ils ont construit leur local de leur mains, ont récupéré des instruments à droite à gauche, et s'investissent à fond pour les enfants, rien que pour les enfants. Les petits n'ont que ça et rien d'autre pour s'épanouir culturellement, n'ayant pas accès à l'école (la encore, nous apprendrons pourquoi le lendemain). A nouveau, on ne nous demande rien, on nous offre, on nous traite comme des membre de la famille.

C'est nous qui titillons, creusons, sentant que nous pouvons aider, pour savoir comment. Pour une trentaine d'enfants, le nombre d'instruments est insignifiant: 2 tablas et une guitare (nos amis ont appris aux petits tout l'art de la percussion sans instruments, avec le corps. Et ils sont forts, très forts!). Raji veut acheter un harmonium, avec lequel trois enfants peuvent jouer en même temps. Problème... et oui, comme d'habitude, le prix : plus de 6000 roupies.

Nous sautons sur l'occasion. Nos amis sont adorables, investis, patients, leurs valeurs sont similaires aux notres : les amis font partie de la famille, les biens matériels importent peu mais un minimum est indispensable. L'argent ne fait pas le bonheur, si ils en veulent c'est qu'il est néanmoins nécessaire. Il faut bien manger, et le reste est investit dans leur école. Il n'en reste pas pour acheter de nouveaux instruments.

C'est nous qui proposons notre aide, leur expliquant notre action au Népal et notre adhésion à leur projet. Raji est ravi, mais il insiste pour que, avant de débourser le moindre centime, nous assistions à sa classe le lendemain pour voir les enfants à l'oeuvre et le fonctionnement de leur classe, avant de décider d'aider ou pas. Cette initiative l'honore, et nous prenons rendez-vous pour le lendemain matin. Raji nous raccompagne en rickshaw à nos appartements, nous remerciant, après que nous ayons serré dans nos bras ces gens exceptionnels.


Avant de nous coucher, nous reprenons nos esprits. Plus ou moins. C'est fou tout ça quand même! Et ça faisait longtemps, mine de rien, que nous n'avions pas vécu ce genre de rencontre. Depuis le Népal en fait... Nous prenons conscience que c'est ça qui nous manquait... Nous sommes aux anges.





Au matin, nos amis viennent nous chercher devant notre guest house, et nous retournons en leur compagnie dans la colonie. Nous y retrouvons les petios, sagement assis en tailleur, attendant leur cour. En fait de cour, nous assisterons plutôt à une démonstration. Les enfants jouent comme des pros, et reprennent au tabla tout en chantant tout un répertoire, de Shakira (que nous n'aurons jamais autant apprecié, c'est dire le niveau) à la musique bollywood et rajasthanie.

Nous suivons le spectacle pendant près d'une heure, avant de nous poser au frais avec la troupe pour boire un thé et parler de tout ça. Nous renouvellons notre proposition, et Raji nous propose de l'accompagner pour acheter l'harmonium.

Nous rejoignons une boutique d'instrument dans le centre ville, et attaquons de rudes négociations. L'harmonium coute 7000 roupies, mais nous n'avons que 6000 en poche. Finalement, le vendeur accepte le tarif, et nous repartons avec l'instrument et nos amis qui ont un sourire jusqu'aux oreilles!

Nous ne comptons pas les remerciements, qui culminent avec une nouvelle invitation à passer la journée et la soirée dans la colonie. Ils nous proposent même de rester une semaine ici, en tant qu'invité! Malheureusement, nous devons partir après demain, et le temps nous manque...

L'après-midi au frais est l'occasion de discuter de nos vie et de partager. Lucky s'avère être un ami formidable, et nous discutons beaucoup avec lui. Il m'emmène faire un tour dans la colonie pour m'expliquer un peu son fonctionnement. Nous passons voir les familles, qui vivent essentiellement d'artisanat (fabrication de marionettes, textiles, art local), passons les lieux de culte de la colonie, et il me présente aux membres de sa famille.

Nous parlons beaucoup, et j'en viens à lui demander le pourquoi. Pourquoi le mur? Pourquoi tant de misère dans un quartier apparement reconnu dans la ville? Pourquoi les enfants n'ont pas accès à l'école? La réponse tient en un concept, que nous connaissons sans l'avoir encore vu en application concrète : le système de castes hindou. Lucky, Raji, Billu et leurs familles, ainsi que tous les habitants de Gypsy, sont nés dans le milieu des sans-castes, les dalits, les fameux intouchables, ou ''enfants de dieu'' comme les appelait Gandhi. Aucun échappatoire possible, ce système archaïque étant encore finalement bien présent dans la culture indienne. Nous savions tout ça, mais nous ignorions qu'il existait encore des signes aussi flagrants et ''officiels'' de la ségrégation des castes de nos jours. L'existence des castes est encore très ancrée dans les croyances collectives, bien que le Congrès tente (officiellement...) de les faire disparaitre. Mais la ferveur religieuse est plus forte que la loi... Ca rend malade, c'est inéluctable, et nous prenons l'information en plein coeur. Oui, ça se passe en ce moment, maintenant.

Nous rejoignons les autres pour passer une soirée formidable et chaleureuse. Nous dégustons une fois de plus la fantastique cuisine de Raji.

Dans la soirée, nous leur annonçons notre budget journalier, et le silence se fait. Les yeux s'écarquillent. Celle-la, il faut avouer que nous ne l'attendions pas : il s'avère que nos dépenses journalières sont inférieures aux leurs! Ils nous demandent pourquoi nous les aidons au lieu de garder l'argent que nous avons récolté pour nous... Déjà ce n'est pas notre argent, ensuite nous sommes heureux comme ça. Que faire du reste? Les sourires des enfants de la Gypsy, la voilà notre richesse, la voilà notre source de bonheur.

 Les adieux sont émouvants, et nous regagnons notre piaule des rires pleins la tête. Nous avons vécu un peu plus d'une journée dans la colonie, et nous nous en souviendrons. Des gens formidables, généreux, ouverts, cultivés et intéressants ont tout partagé avec nous, nous avons pu les aider, et ces heures passées avec eux nous ont empli de tout un tas de sentiments.

Pensez à eux, verrouillés, bloqués, mis au rebut tel des parias par un système vieux de plusieurs siècles, illégale mais toujours pratiqué, entrainant la ségrégation de gens formidables et leur exclusion de la société, sans espoir d'amélioration avant des années... Et à côté de ça, la colonie résonne de musique et de rires, d'espoirs et de ferveur, de générosité et d'hospitalité. Visuellement bidonville, humainement palais paradisiaque.










Le lendemain matin, nous tentons d'aller enfin visiter la vieille ville. Mais non : en marchant, nous faisons connaissance d'un marchant de bijoux, qui nous paye le thé et avec qui nous discutons un bon moment. Au début, nous craignons la fameuse entourloupe de l'import-export de pierres soi-disantes précieuses, grand moyen d'arnaque du touriste à Jaipur, mais non, aucune proposition douteuse ne nous est faite, et l'homme nous invite à revenir le soir pour discuter.

Bon sang, nous allons réussir à la voir cette vieille ville non d'un chou! Nous entrons enfin, vers midi, dans la ville rose. Qui d'ailleur n'est pas vraiment rose, mais plutot ocre... Non, sans rire, le vieux quartier est magnifique! Nous nous baladons un peu avant de passer au temple de Krishna, fermé, mais dont le prêtre, adorable, nous ouvre quand même les portes pour profiter sur son toit d'une vue imprenable sur les environs.






En nous dirigeant vers le palais de la vieille ville, nous rencontrons un homme qui nous apprend que nous pouvons aller voir des éléphants, non loin. Les éléphants assurent des trajets pour les touristes entre la vieille ville et le fort d'Amber, mais aujourd'hui ils sont en vacances! Sautant sur l'occasion, nous nous rendons à la bien nommee Maison des Elephants, ce qui nous permet d'admirer sur le trajet le Lake Palace.

Arrivés sur place, nous sommes tout fous! Gratuitement, nous pouvons caresser les grosses bestioles, tandis que des hommes leur préparent des fagots de paille à manger. Nous restons un bon moment, il n'y a personne d'autre que nous et les soigneurs, et nous jouons avec les pachidermes. On fait de ces choses quand même! Nous voilà à dorloter les énormes bestiaux, qui lèvent la trompe pour que nous passions en dessous, qui nous regarde avec leur grands yeux tandis que nous enlaçons leur trompe! Nous sommes ravis, et avons bien du mal à quitter les mastodontes. C'est que ce n'est pas tous les jours qu'on peut cotoyer des éléphants et les caresser comme des chats!

Le palais sur l'eau















Retournant dans la partie moghol de la vieille ville, nous passons observer les ouvriers à l'oeuvre dans un atelier de textile et d'impression de tissu au tampon (non, je ne veux pas de costume sur mesure, sans rire, tu m'as regardé?), le Nawal Mahal, le palais des vents, avant de visiter Jantar Mantar, l'ancien observatoire, dont les énormes instruments datant du 18ème siècle permettaient de calculer avec précision les distances des corps célestes et la taille de la Terre, entre autres. Un peu (très) en retard sur les grecs, cela reste quand même techniquement impressionnant.

Nawal Mahal




Nous rentrons pour nous reposer, apres être retourner boire un thé avec notre ami rencontré plus tôt dans la journée. Nous y faisons d'ailleur la connaissance d'un indien travaillant en France, tenant un commerce qu'il a du fermer quelques temps pour revenir en Inde à cause des problemes economique en Europe.

Jaipur est encore une très grande ville, très agitée, et nous sommes pressés de rejoindre Pushkar, demain, que l'on nous a décrit comme calme et reposante. Après les chantiers de Delhi, d'Agra et de Jaipur, ça va faire du bien! Nous ne sommes quand même pas près d'oublier ce que nous avons vécu ici, et les formidables habitants de la Gipsi Colony. C'est d'ailleur une bonne impression générale que nous gardons des gens à Jaipur : souriants, amicaux, à l'écoute et attentifs. Ce sont les premiers à nous mettre en garde contre les arnaques célèbres de la cité rose (l'importation de pierre par exemple, piège assuré. Nous n'avons reçu aucune proposition à ce niveau, que des mises en garde).

Petite parenthèse pour résumer l'utilisation de la cagnotte : nous avons donc aidé à hauteur de 6000 roupies, ce qui au taux de change du jour donne 74 euros. L'argent a servi à acheter un harmonium pour l'école de musique de la Gipsi. Grâce à lui, qui complète les 2 tablas et la guitare, les enfants pourront apprendre et jouer ensemble, opportunité tellement rare pour eux, qui sont nés dans des familles de gens considérées comme des parias à cause de croyances tenaces. Un grand merci pour eux!

Pushkar



Nous rejoignons à pied le terminal de bus et partons à destination d'Ajmer, d'où part le bus pour Pushkar. Nous embarquons pour 5h de voyage, au cour desquel la température augmente encore... Nous arrivons à Ajmer, où 30 minutes de bus nous amènent à Pushkar.

temple Sikh
Pushkar est une petite ville entourée de collines brousailleuses de 10000 habitants, hautement sacrée. En effet, la mythologie hindoue veut qu'un cygne envoyé des dieux ai deposé dans le lac autour duquel la ville est construite une fleur de lotus, qui devait indiquer l'endroit où Brahma, l'absolue sous sa forme divine, la face créatrice de la trimurti hindoue, devait accomplir un important rituel. Brahma ne fait pas l'objet d'un culte de dévotion dans l'hindouisme, contrairement à Shiva, Visnu ou Ganesh. C'est ainsi que le temple de Pushkar dédié au créateur  fait figure d'exception en Inde, et que la ville est un haut lieu de pélerinage.

A la descente du bus, nous sommes assaillis par nombre de personnes qui nous propose tous le-plus-beau-le-plus-calme-le-moins-cher pour loger. Nous annonçons un premier prix dérisoire, 100 roupies pour deux (nous visons 150). Les trois quarts s'en vont. Un homme nous propose une chambre à 200, au lieu de 350. 50 de plus que nos prévisions, mais le loustic a un argument qui nous fait frémir rien qu'à l'entendre... Il y a une piscine dans l'établissement. Oui, pas top niveau ''abandon du matérialisme et retour aux sources et à une vie simple'', mais zut, il fait 50 crénoms de degrés, et 200 roupies representent environ 2.50 euros.

les gaths et le lac sacre
Laissant de côté nos valeurs de vagabonds ascètes et simples, pour le coup complètement détruites par la perspective de se tremper dans l'eau matin midi et soir, nous demandons à voir la chose. Nous débarquons dans une guest house au joli jardin, la chambre est correct, et effectivement, une grande piscine (certe à l'eau très légèrement verte) nous tend les bras. Et bien baste du retour aux racines et du refus du superficiel, nous acceptons.

Avant la trempette, nous partons faire un tour des environs, tandis que l'après-midi touche à sa fin. Effectivement, le coin est calme, nous sommes hors saison, et mise à part la rue principale, débordant de boutiques en tout genre, la ville est sympa comme tout. Ca fait tellement du bien de marcher sans esquiver des centaines de voitures, de rickshaws et de gens, de ne plus se pourrir les poumons à cause des gazs d'échappements, ou les oreilles avec les klaxonnes! Nous allons nous détendre ici, et prendre notre temps.

ouiiiiiiiiiiiii!!!
Les rives du lac sont couvertes de gaths, rangées de marche surplombées par des façades bleues ouvragées. Nous y descendons pour y poser nos derrières sur les pierres brûlantes, et regarder les dévots venus se baigner dans les eaux sacrées.

Petite ombre au tableau, que nous redoutions mais à laquelle nous étions préparés : un pseudo prêtre qui vient nous vendre fleurs et noix de coco à déposer en offrande au lac, et qui devant notre refus nous somme de partir. Ce que nous n'avons pas fait bien entendu, cette pratique étant complètement illégale et malhonnête. Bravo le renoncement nécessaire au salut hindou!

Nous rentrons rapidement, passant de nombreux temples (la ville en compte près de 400) pour enfin sauter à l'eau, entourés de bananiers et d'oiseaux exotiques. C'est juste parfait, un délice, et tout ça pour 2.50 euros!


Les nuits sont toujours aussi chaudes (35 degrés à 3h du matin, qu'est ce que c'est que ce pays?), mais la combinaison trempage+serviette mouillée fait des miracles. J'arrive à dormir plus de 4h d'affilé!

Au matin, bien sur, nous sautons directement à l'eau, avant de partir vadrouiller dans les environs.

Premier objectif, évidemment, le temple de Brahma. Sur la route, nous découvrons l'ancien temple de Rangji, complexe ouvragé complètement désert. Nous faisons le tour de ses murs sculptés et de ses nombreuses peintures, avant d'apprendre que l'entrée est interdite aux étrangers... Nous répandant en excuses, nous mettons les voiles.

Le temple de Brahma est petit et bondé. Sol de marbre, temple rouge empreint de spiritualité, il n'en reste pas moins simple et finalement pas très intéressant pour les prophanes que nous sommes. Et à nouveau ces ''prêtres'' qui essayent de vous faire croire qu'il est OBLIGATOIRE de leur acheter fleurs et colliers à offrir au dieu...

le vieux temple de Rangji
Nous décidons ensuite de mettre le cap sur une colline proche de la ville, au sommet de laquelle se dresse un petit temple. Nous quittons le centre et arrivons aux limites de la cité, en plein désert. Nous voyons des caravanes de dromadaires et des tentes, du sable, ça met l'ambiance! Nous nous enfilons quelques cuillères de lentilles aggrémentées de chapatis sous une tente, puis nous nous lançons à travers la vieille ville qui mène à la colline.

Ici, plus de boutiques, des petites maisons, des ruelles désertes. Nous comprenons vite pourquoi : quand il fait près de 50 degrés, on ne grimpe pas sous le cagnard, on se planque à l'ombre... Nous ramassons bien durant l'ascencion, mais sommes récompensés de nos efforts par la vue sur la vallée et Pushkar qui nous attend au sommet. Nous descendons litre d'eau sur litre d'eau, et nous résignons à rentrer, ruisselants. Impossible de faire quoi que ce soit par une température pareille.

Arrivé chez nous, la baignade est une délivrance! Nous ressortirons un peu le soir pour grignoter (vive les thalis à volonte pour 50 roupies!), avant de nous remettre à l'eau sous les étoiles.














Pour notre dernier jour à Pushkar (oui, déjà...), nous nous accordons une grasse matinée et une longue baignade, avant d'aller manger un morceau et de nous carapater au frais dans un cyber. Nous effectuons et réglons nos demandes de visas australiens, faisons les comptes, entre autres choses.

Nous ressortons au coucher du soleil, pour retourner nous poser sur les gaths. Le soleil qui se couche, les pélerins qui se baignent, les prêtres qui font leurs offrandes au feu, c'est magnifique. L'endroit résonne des prières chantees depuis des hauts parleurs, les cloches des temples sonnent...

Et une chauve souris de près d'un mètre d'envergure nous frôle la tête. Puis deux, trois, quatre, dix, vingt. C'est incroyable, il fait encore clair, et des centaines de chauves souris de toutes tailles viennent se repaitre des nombreux insectes qui volent à la surface du lac sacré! Jamais vu ça! Des nuées entières de bestioles participent à la curée.

Le cadre est surréaliste, et nous restons plus d'une heure à en prendre plein les yeux et les oreilles devant ce spectacle. Le repas des chauves souris dans le lac sacré au milieu des gaths pendant les prières, c'est pas tous les jours non plus!

Nous rentrons à la nuit tombée pour un dernier bain sous les étoiles, dans cette piscine que nous regretterons longtemps... Demain nous mettons le cap sur Jodhpur, la ville bleue, et tous les gens à qui nous avons parlé ici nous ont dit que la chaleur y était encore plus forte qu'à Pushkar ou qu'à Agra. Nous n'essayons même pas d'imaginer... C'est juste la ville la plus ensoleillée du pays!










Les avis que nous avions eu sur Pushkar étaient mitigés, certains avis étaient positifs, d'autres moins : trop de touristes, aucune authenticité, que des boutiques de vêtements hippys, le business des gaths qui détruit le cote spirituel du lieu... Comme d'habitude quand les gens parlent de l'Inde, il y a une part de vérité, mais comme d'habitude, il est aisé d'eviter tout ça. 10 minutes de marche suffisent à atteindre la vieille ville et le désert, beaucoup plus authentique, et nous n'avons été ennuyés qu'une fois par ce soi-disant prêtre qui voulait nous refiler des fleurs en nous certifiant que c'était obligatoire pour rester aux abords du lac (ça oui, c'est vraiment deplorable de malhonnêteté et d'irrespect pour les croyants). Finalement, Pushkar nous a plu, par son calme, son ambiance, ses ruelles aux façades écaillées, son cadre naturel. Les gaths valent le detour et dégagent vraiment quelque chose, même pour les hérétiques que nous sommes, et les bestioles du coin son nombreuses et peu communes pour nous (hormis les vaches, qui squattent en grand nombre un peu partout). Et la piscine, alors ça...


Jodhpur



Nous devons repasser par Ajmer pour rejoindre Jodhpur, et nous nous enfilons un dernier thali avant de remercier le proprio de nous avoir si bien rempli la panse à 1 euro pour deux par repas, avant de grimper dans le bus. Au bon moment : 5 minutes après que nous ayons rejoint nos places, il est plein à craquer. Arrivés à Ajmer, nous sommes baladés d'un bout à l'autre du quai par les divers informateurs, visiblement pas très informés, à qui nous demandons notre chemin. C'est finalement un contrôleur complètement bourré qui nous indique notre bus, et nous voilà en route pour la célèbre cité bleue.

Le trajet est éreintant, mais nous donne l'occasion d'admirer des étendues de plus en plus désertiques et des troupeaux d'antilopes sauvages.

Arrivés à destination, 5h plus tard, en fin d'après-midi, nous appliquons notre sacre-sainte méthode : rabatteur en rickshaw, annonce de petit prix et d'un nombre de nuit inférieur à celui que nous voulons.

Nous arrivons au coeur de la fameuse ville bleue, juste en dessous du fort Mehrangarh dans une jolie guest house. Nous nous en tirons pour 200 roupies la nuit (merci la basse saison!), avec une piaule décorée de fresques traditionnelles et une terrasse sur le toit, offrant une vue magnifique sur la ville et le fort. En revanche, la chaleur ici est effectivement redoutable...

Gulab Sagar
Nous profitons de la (très relative) baisse de température du crépuscule pour faire un petit tour des environs : le Gulab Sagar, lac sacré rempli de poisson que les gens gavent de nourriture, la Clock Tower, sa place débordante d'activité et son bazar, ainsi que les quartiers environnants. Nous trouvons une gargotte avec pignon sur rue qui propose le combo Dal à volonte-chapati pour 30 roupies... Ils sont trop forts ces indiens! La soirée se termine sur notre toit, à profiter du vent et du coucher de soleil sur le fort.

A la tombée de la nuit, nous jouissons d'une ambiance sonore magnifique qui nous remue les tripes et l'esprit, normale ici mais qui nous évoque l'extraordinaire diversité de l'Inde, et la tolérance de toutes les croyances et religions qui se côtoient ici : les prières chantées du temple Sikh résonnent un bon moment. Dès qu'elles s'achèvent, des mosquées de la ville retentissent les appels à la prière musulmans, qui sont directement suivis par le tintement des cloches des temples hindoues. Enfin, pour conclure cette symphonie, les cloches de la tour de l'horloge sonnent, comme les églises chrétiennes, les 7 coup annoncant 19h. Nous rions en imaginant la tollée que ne manquerait pas de soulever une chose pareille en France, surtout en ce moment (non, nous avions dit que nous ne parlerions pas ici des européennes...). 4 religions totalement différentes qui font résonner successivement la ville de leur signature musicale propre, c'est à nous tirer des larmes tant c'est beau, tant c'est à l'opposé de l'état de fermeture et d'intolérance qui règne en Europe. Nous nous souviendrons longtemps de ce magnifique symbole.

la Clock tower et le bazar
le fort de Jodhpur










La nuit est courte, j’ai l’impression de dormir dans un sauna, mais Léonore dort comme un bébé…

Au réveil, nous partons à pied vers le nord de la ville, pour grimper en direction du fort. Nous avons vu que la visite va nous couter 600 roupies, un peu cher pour nous mais bon, il s’agit de l’une des plus impressionnantes place forte du pays.

En chemin, nous croisons nos premières bâtisses toutes de bleu vétues, qui alternent avec des maisons de pierre. Oui, Jodhpur, à part dans les vieux quartiers, n’est pas complètement bleue. Mais nous chipotons. A cette heure matinale, la ville est déjà pleine d’activité. En passant à côté d’un terrain vague, nous sommes invités par des jeunes à nous essayer au fameux sport national, le cricket. Je m’en sort plutôt bien, les bates de cricket étant plus large que leur cousines utilisées pour le base-ball.

Nous attaquons la grimpette en direction du fort, qui nous offre une bien belle vue sur la ville. Plus que le bleu, c’est plutôt le contraste entre lq couleur et la pierre brute qui est magnifique.

Arrivés au fort, une mauvaise surprise nous attend. Le prix d’entrée est passé de 300 à 400 roupies, et à présent il faut payer 100 roupies de plus pour entrer avec un appareil photo… 900 roupies. Pour les indiens, que nous voyons débarquer en taxi climatisés alors que nous sommes montés à pied sous les 45 degrés du jour? 60.  
Un exemple de plus de la politique tarifaire indienne concernant les sites culturels, qui nous fait hurler depuis le début. Mais cette fois la chose est d’autant plus regrettable que nous sommes toujours en train d’économiser nos sous pour une petite sortie dans le désert à Jaisalmer... 600 roupies nous faisaient déjà beaucoup, alors 900... Nous décidons à regrets (regrets qui nous assaillerons à chaque fois que nous poserons les yeux sur la masse impossante du fort) de zapper l'édifice, et redescendons, maudissant le ministère de la culture indien.

Histoire de nous consoler, nous passons visiter Jaswant Tada, mausolée construit en 1899 où les dépouilles des derniers Maharajas de la ville étaient incinérées. De nombreux mausolées secondaires se dressent, autour d'un palais de marbre blanc consacré au recueillement, dont les murs sont couvert des portraits des rois de Jodhpur.



L’après-midi, après notre retraite au frais, indispensable ici, nous partons pour la vieille ville. Nous la parcourons jusqu'au soir. Nous nous apercevons que c’est comme ça que nous apprécions Jodhpur : en explorant au hasard ses innombrables minuscules ruelles, au milieu des maisons qui pour le coup sont complètements bleues. Ca laisse rêveur, et c’est un vrai plaisir de parcourir le dédale, entre les façades ouvragées aux différents tons de bleu. Là nous voyageons, là nous sommes ailleur! Et le calme règne sitôt que nous nous élevons dans le labyrinthe. Les enfants viennent nous voir, nous papotons avec les souriants habitants, et le cadre est formidable et magique.


Mais l’heure tourne, et nous rejoignons les bruyantes rues du centre ville, pour aller s’enfiler des lentilles avant de continuer le rêve sur notre terrasse. A Jodhpur, nous commencons à sentir la magie de la région!

La nuit venue, pour la première fois depuis notre départ, nous faisons chambre à part : je ne supporte plus la chaleur qui règne dans la piaule et vais dormir sur le toit, à la belle étoile!









Nous nous permettons une petite grasse matinée, après quoi nous mettons le cap sur le sud de la ville. Le quartier est agité, mais nous trouvons rapidement un petit chemin qui nous permet de nous échapper dans les ruelles. 

Nous rencontrons Yatindra, jeune avocat parlant un français impeccable, avec qui nous lions connaissance. Féru de culture française, nous discutons langue, musique et cinéma. Nous finissons par lui dresser une liste des films français pour nous incontournable, et il nous invite à prendre le thé. Nous le suivons à travers escaliers et petits passages, pour aboutir sur une terrasse autour de laquelle se dressent les maisons de sa famille. Si les façades de la vieille ville sont bleues, nous constatons que les intérieurs le sont également! Posés sur une natte avec une tasse de chai, nous discutons avec Yatindra, souriant, rieur et très ouvert. Il est avide d'échanges et de rencontres étrangères. Il nous montre quelques photos, sur lesquelles nous découvrons avec étonnement notre ami au côté du Maharaja de Jodhpur et de l’ancien premier ministre indien! Il nous conseille de ne pas rater le temple de Shiva, un peu plus loin, et nous le quittons en le remerciant pour son accueil.

devots au temple de Siva
Sur les conseils de notre ami, nous rejoignons le temple, pour arriver en pleine cérémonie. Le temple est neuf, et nous nous asseyons dans un coin, pour discrètement observer les dévots faire leurs offrandes au seigneur Shiva, face destructrice de la Trimurti. Nous vadrouillons un peu, pour découvrir des reconstitutions un rien kitch sur la vie du seigneur, ainsi que des tableaux de toute beauté, tandis que les chants et les cloches résonnent autour de nous. 

Apres un petit casse-croute de samossas, nous nous dirigeons vers le quartier situé à l’ouest du fort, que nous avions apperçut la veille depuis ses remparts. A nouveau, nous nous perdons avec délice parmis les bâtisses bleues, passant un nouveau lac sacré et parcourant de nombreuses ruelles. Comme hier, le transport et la magie du lieu opèrent, et nous flânons un bon moment au hasard, avant de rejoindre le centre pour préparer notre départ, demain.

En visitant Jodhpur, nous avons découvert une vieille ville magnifique et calme, dont on profite en s'y perdant. A notre avis, c'est comme ça qu'il faut y aller : sans objectifs autre que celui de vadrouiller au hasard dans son dédale de ruelles bordées de façades bleues et ouvragées. Nous avons pris beaucoup de plaisir à explorer le coin.

Le reste de la ville ne présente que peu d'intérêt. Quand aux habitants, ils sont sympas, mais nous avons ressenti un je ne sais quoi qui ne nous a pas vraiment mis à l'aise. Des sourires en coin, des regards étranges, et des fixettes encore plus énormes que d'habitude. Oui, l'indien fixe, c'est à dire qu'il braque ses yeux sur vous et ne vous lâche plus, le plus souvent quand vous faites quelque chose de commun ici (manger en street food, discuter, boire un thé dans une gargotte etc...). A Jodhpur, c'était assez violent, tout le temps. Nous mangeons des lentilles sur un banc dans la rue? 5 ou 6 personnes restent debout, les bras croisés et les lèvres pendantes, à nous regarder pendant 5, 10, 15 minutes (le record). Une personne nous aborde pour discuter? Idem. Pendant la conversation un groupe se forme autour de nous, inexpressif, immobile, nous observant sans ciller. C'est un peu compliqué de ne pas y faire attention!


le seigneur sur Nandi

























Nous partons donc pour Jaisalmer, après une superbe découverte de Jodhpur, impatient de découvrir le désert et de s'y faire un petit tour de dromadaire, impatient, après la cité rose et la cité de bleue, de découvrir la cité d'or du Rajasthan. Quel pays!



Jaisalmer

Levés de nuit à 4h du matin, nous nous mettons en route de nuit pour la gare.

Dans la rue, l'ambiance est irréelle : nous sommes entourés de deux rangées de vaches qui nous suivent du regard, tout au long du chemin qui baigne dans la lumière crue des néons tandis que retentissent les premiers appels à la prière... Amusant.

A la gare, tickets en poche, nous nous payons un thé, toujours sous le regard des potiches. C'est dingue : une foule de personnes dort dans la rue à même le sol, et nous, nous buvons un thé assis sur un trottoir parmis d'autres indiens qui font exactement la même chose, et c'est l'attraction!

Notre train arrive à la bourre, et nous partons à 7h pour la ville du désert. Nous commençons le trajet assis par terre devant la porte ouverte, après quoi on nous offre un siège... Mais à deux sur un siège une place, ce n'est pas tellement plus confortable. Le trajet est long, chaud, la magie de la seconde classe, mais nous traversons de superbes étendues désertiques, et le sable commence à faire son apparition.

Nous atteindrons Jaisalmer 6h plus tard, en début d'après-midi. Nous embarquons dans la jeep gratuite qui doit nous propose de jeter un oeil à une guest house située à deux pas de la forteresse. L'établissement est sympa, offre une terrasse encore meilleur que celle que nous avions à Jodhpur ainsi qu'une chambre fraiche et aérée, le tout pour 150 roupies. C'est bon pour nous!

Après avoir déposé notre barda, nous partons explorer la cité d’or, en quête d'un plan pour aller faire un tour dans le désert demain. 

Première bonne surprise : Jaisalmer, bien que située au milieu des dunes, est plus fraiche que Jodhpur. Un froid polaire règne, moins de 42 degrés! Nous sommes rapidement suivis par un petit bonhomme d’une dizaine d’année, Amit, qui nous explique par des signes qu’il est sourd et muet. En revanche, il se marre sans cesse! Il nous propose de nous faire faire le tour des environs. Nous lui faisons comprendre que nous cherchons à manger, et il part tel le chef de notre expedition. Aucun problème pour se faire comprendre par des signes, le ptio est vif et très intelligent. 

Après qu’il nous ai emmener dans un resto, un vrai, nous lui faisons comprendre la petitesse de notre budget, et le suivons. Nous arrivons dans les ruelles aux abords du fort, pour  nous apercevoir que la ville d’or porte bien son nom, et qu’elle est époustouflante : tous les bâtiments sont jaune dorés, aux balcons et aux fenêtres richement sculptées et ouvragées. Nous replongeons en pleine magie au milieu de tout ça, marchant parmis les boutiques et les étals, parmis des maisons qui nous transportent en pleine mille et une nuits. C’est génial! 

Nous passons le pied de la forteresse qui se dresse sur un promontoire rocheux, construite des même pierres dorées que le reste de la cité. Nous irons demain. Pour l’heure, nous suivons notre petit guide de choc parmis les rues du centre, répondant aux sourires et aux salutations des gens, qui apparement connaissent tous notre jeune ami. 

Il nous dégote un resto avec terrasse sur le toit et vue sur le fort, mais nous sommes sceptiques sur les tarifs. C’est sans compter sur le hors saison! Le tenancier nous demande notre budget, et accepte nos tarifs (qui divisent ses prix par plus de deux tout de même). Nous partageons ensemble un succulent thali avec vue sur le fort. 


Amit est fulgurant d’intelligence : notre appareil photo n’a plus de secret pour lui en 2 minutes, il fait des clichés magnifiques, et arrive parfaitement à se faire comprendre.

Par le biais du proprio du restaurant, nous apprenons que le garçon a perdu ses parents, et qu’il vit avec son grand père et sa grand mère. Visiblement, le loustic est heureux d’être avec nous, et nous repartons parmis les merveilles dorées de Jaisalmer. Grâce à la sympathie que lui témoignent les gens du quartier, nous profitons de faveurs, comme un rickshaw gratuit qui nous pose au bord du lac Gadsisar à l’est de la ville, creusé en 1367 par Rawal Gadsi Singh, qui s'assèche petit à petit à cause des besoins en eau de la région.  


Le tour du lac, rempli de poissons chats énormes, nous permet de découvrir moult temples et églises, après quoi Amit nous emmène chez un de ses amis, un vieux sadhu habitant une petite cabane chez qui nous restons un petit moment, avant de repartir vers le centre ville. Amit nous montre toutes les boutiques du coin, dont une ressemblant un peu à nos gifi, dans laquelle nous faisons les zouaves quelques temps. 

Nous profitons d’être dans le centre pour écumer les divers organismes proposant des raids dans le désert, malheureusement les tarifs sont tous excessivement élevés pour nous, et ce malgré nos économies substantielles des dernières semaines. Nous ne perdons pas espoir, désirant juste faire un petit tour à dos de dromadaire et crapahuter dans les dunes. Ce simple progamme coute déjà cher (fatalement, c’est le business du coin), nous n’espérons même pas passer une nuit dans le désert. Ou alors nous tentons d’y aller nous même en stop avec les sacs… Mais nous ne sommes pas suffisament timbrés pour ça! Les dunes se trouvent à plus de 40 kilomètres de la ville, sans points de ravitaillement pour la nourriture, et plus important encore, pour l’eau…


Après une petite pause dans un temple où se déroule une reconstitution musicale d'une scène des védas, nous quittons Amit, tout tristounet, en fin de journée, le serrant dans nos bras, pour aller profiter du coucher de soleil sur notre terrasse avec vue sur le fort.

Notre premier tour de Jaisalmer a été enchanteur, nous sommes impatients de découvrir la citadelle demain. Et nous devons encore trouver une solution pour aller dans le désert.



















Nous nous réveillons au son de l’alarme à 5h, histoire de pouvoir profiter du lever de soleil depuis les remparts de la citadelle. Après avoir traversés les rues désertes de la ville endormie, nous grimpons en direction des fortifications. 

Une fois dans le fort, nous profitons de l’ambiance fantastique du coin. Si la ville basse nous avait déjà bien tapé dans l’oeil, la cité fortifiée nous scotche. Trêve de descriptions, regardez les photos! Construit en 1156, le fort a été le témoin de nombreuses batailles. Nous nous posons sur les hauts mur d’enceinte et regardons le soleil illuminer petit à petit la cite d’or. Il fait frais, c’est beau, que demander de plus? Oui, un thé!

Nous déambulons dans les ruelles, le nez en l’air, au hasard des chemins et des passages, dans un décors incroyable, avant qu’un jeune homme nous propose de découvrir le restaurant et la guest house où il travaille. Nous le suivons et nous posons sur la terrasse du toit, juste en surplomb d'un temple Jain, dont nous pouvons admirer les dômes et les sculptures.

C’est la que nous faisons la connaissance de Jhonny, et c’est alors qu’encore une fois, nous replongeons dans ces fantastiques moment de partage, d’échange et d’amitié. Le jeune homme est le tenancier du coin, et est sympa comme tout. Nous discutons un bon moment, de tout et de rien, de nos vies, et il nous explique bientôt qu’il organise des sorties dans le désert. Sautant sur l’occasion, nous lui demandons ses tarifs, qui s’avèrent deja meilleurs que nos précédentes offres, mais encore trop élevés pour nous. 

Nous discutons pendant près de 45 minutes, non pas de négociations mais d’explication de notre condition, des économies que nous avons fait ces dernières semaines spécialement pour Jaisalmer, de notre voyage et de nos projets. Notre ami se comporte comme… un ami, et finalement il nous casse littéralement le prix, pour une sortie qu’il nous promet mémorable, sans touristes, dans des dunes propres, pour un tour en dromadaire suivi d’un coucher de soleil dans le désert. Avec le prix qu'il nous propose, Jhonny veut véritablement nous aider à realiser notre petit trip dans les dunes. Nous acceptons avec joie, décidant de lui faire confiance. 

Il est incroyable, et gère la Deep Mahal, petite guest house familiale, en gardant un esprit à l’opposé du business. Ses chambres sont magnifiques, tout comme la situation de l’établissement. Mais le plus hallucinant, c’est leur prix. Bien simple, nous n’avons jamais vu ca. Parce que notre ami ne veut pas se remplir d’argent, il veut être heureux, rencontrer du monde et rendre heureux. Il nous invite à revenir en fin d’après-midi pour notre petite excursion. Nous allons dans le désert!







































Nous mangeons un morceau, essayant de ne pas penser au soir et à notre sortie dans les dunes, pour profiter de la journée. Nous nous rendons d’abord au musée du palais, pour découvrir consternés que les prix ici, comme à Jodpur, ont doublé… Nous nous apprêtons à partir, excédés, quand le guichetier nous appelle, et nous demande ce qu’il se passe. Nous lui expliquons, et avec un clin d’oeil il nous dit qu’il a bien vu que nous étions étudiants, et nous propose un rabais de 300 roupies! Yeepee! Merci M’sieur! La visite nous emmène dans le palais du fort, le Raj Mahal, dont les multiples salles nous conduisent sur le toit, où nous attend une superbe vue sur les environs.
























Après la visite du palais, nous vadrouillons encore un bon moment dans les ensorcelantes ruelles de la vieille ville avant de rejoindre la Deep Mahal. Jhonny nous y attend, nous offre le thé dans une des chambres climatisées, mais notre tête est déjà dans les dunes! Il nous invite à revenir après notre balade pour passer la soirée avec lui.

Son frère nous emmene ensuite en jeep à 60 km de là, nous montrant en route divers petits villages où l’on file le coton, où l’on travaille dans les carrières de pierres jaunes-ors, et autre. Nous arrivons au milieu de nul part, effectivement le coin est désert (ahah) et somptueux. Au loin nous voyons les dunes. Un chamelier nous attend avec deux dromadaires, nous montons en selle, le sourire jusqu’aux oreilles, et…

















































Inutile d’ajouter quoi que ce soit. C’était fantastique. Le seul point noir, évident, est la durée. C’était bien trop court! Mais avec notre budget, nous sommes déjà ravis d’avoir pu faire ça, première activité en extra du voyage.

Nous rentrons en ville, tout secoués, c’est déjà fini…  Nous retrouvons Jhonny (qui nous invite a diner gratuitement dans son restaurant!) sur sa terrasse en compagnie de deux français, avec qui nous faisons connaissance. Arthur et Jane se sont rencontrés en voyage, au Cambodge. Lui fait des allers-retours depuis deux ans entre l’Asie et l’Australie, alternant vadrouilles et petits boulots, perdu en voyage comme nous commençons à l’être. Jane parcourt le monde, rentrant de temps en temps pour voir sa famille et recharger le compte en banque. Avec des projets comme les notres, le courant passe évidemment bien! Nous discutons jusqu'à tard dans la nuit, avant de finir notre soirée avec Johnny. Nous lui expliquons qu'à Jodhpur, je dormais sur le toit, et il nous annonce que si nous voulons rester à Jaisalmer plus longtemps, il nous accueillera avec plaisir sur le sien gratuitement! Nous ne savons pas quoi dire, si ce n'est merci. Il nous explique qu' il veut nous aider et passer du temps avec nous, et nous prenons rendez-vous pour le lendemain.

Nous redescendons de la forteresse ravi de cette fantastique journée, pour partir en quête d'eau. A 1h du matin, ce n'est pas chose aisée que de trouver un magasin ouvert, mais heureusement les indiens sont là! Nous trouvons grâce à eux un petit shop, où nous achetons 4L de flotte au vendeur mort de rire devant nos mines assoifées. Alors que nous quittons les lieux, épuisés, nous entendons crier derrière nous... Et avons la surprise de retrouver notre petit Amit qui vient se jeter dans nos bras!

Il est accompagné d'un chauffeur de rickshaw adorable, qui nous ramène gratuitement à nos appartements!

Une journée inoubliable s'achève. Des visites, du dromadaire, les dunes et le coucher de soleil sur le désert... Une terrasse fraiche avec vue sur les toit du temple Jain... Un nouvel ami absolument formidable et devoué, qui veut nous aider comme si nous faisions partie de sa famille... Quel pays, mais quel pays! Le rêve du Rajasthan gagne en intensité. Où s'arrêtera-t-il?

Comme prévu, au réveil nous remballons et partons nous installer à l'interieur de la forteresse. Johnny nous à réserver une chambre avec cadena pour entreposer nos sacs et prendre une douche à l'occasion. Un roi! Nous profitons de la terrasse pour discuter avec lui et ses deux frères qui tiennent ensemble l'établissement, après quoi nous finissons la journée en nous baladant dans la vieille ville. La nuit sur la terrasse est féérique : il fait frais, le vent souffle, et nous sommes bercés par les clochettes qui tintent au sommet du temple, tandis que la pleine lune nous regarde!

Nous passerons les jours suivants à arpenter la vieille ville, profitant de notre chambre en plein air gratos et de l'hospitalité formidable de Johnny. Il nous fait découvrir les spécialités du coin. C'est ainsi que nous goutons le jus de mangue glacé au lait de dromadaire, ainsi que de bons petits plats à base de légumes ne poussant que dans le désert du Rajasthan.













La veille du départ, nous accueillons au réveil Alexandre, Valentine et Luna, 3 français, ainsi que Alexandra, originaire d'Allemagne. Alexandre et Valentine viennent d'écumer l'Asie du sud-est durant 9 mois, et se préparent psychologiquement depuis plusieurs semaines à rentrer en France dans 6 jours. Nous leur souhaitons un excellent retour, même si nous frissonons d'horreur rien qu'à imaginer rentrer dans une semaine!

Nous passons enfin visiter le Temple Jain, formidable complexe entièrement sculpté, dont la visite est néanmoins gâchée par les fouines sans scrupules qui gèrent la chose (et qui sont cense etre des pretres...) : les horaires ne sont inscrites nul part, il nous font payer notre billet pour nous annoncer 10 minutes plus tard que le temple ferme ses portes. Nous l'avons mauvaise, et nous prenons tout notre temps, avant d'aller gueuler un peu contre les loustics qui bizarrement ne parlent plus anglais...





















































Nous retournons a la Deep Mahal, et nous apprêtons au départ.

Nous devons quitter Jaisalmer pour Udaipur à 15h30, par un bus que nous a gentillement réservé Johnny. Mais c'est sans compter sur ce dernier, qui nous demande de rester un jour de plus tous frais payés. Le temps commence à jouer contre nous : nous devons encore passer par les Ajanta caves, Mumbai, les Elora caves et traverser Goa pour rejoindre le Kérala début juillet.

Oui, nous avons été heureux d'apprendre, il y'a quelques temps, que mes parents comptaient nous rejoindre à Cochin le 8 juillet pour passer quelques semaines de vacances avec nous!

Mais nous ne voulons pas quitter Jaisalmer, surtout qu'en plus de Johnny nous avons également notre petit groupe de baroudeurs européens qui s'avèrent tous très sympas. Aller, nous restons une journée de plus!

L'après-midi, nous emmenons nos amis visiter la ville. Après un petit casse croute, nous allons flâner au lac, avant de rentrer pour dormir tous ensemble sur la terrasse.


Nous quittons Jaisalmer dans quelques heures, après plusieurs jours formidables. Nous nous apercevons que notre vadrouille du Rajasthan est à chaque étape meilleur, et gagne en intensité et en magie. Jaipur était sympa, mais c'est surtout les moment passés dans la Gypsy Colony qui resterons gravés dans nos mémoires. Pushkar fut magnifique et calme, et nous y avons pris un repos bien mérité. L'exploration de Jodhpur nous a scotché, la ville bleue est merveilleuse! Nous avons enfin découvert Jaisalmer, la ville d'or, la cité du désert, qui nous a émerveillée. Nous adorons ces villes où il suffit de se balader au hasard pour en prendre plein les yeux! Jaisalmer, par sa beauté et les rencontres que nous y avons fait, sans parler de notre escapade dans le désert à dos de dromadaire et nos nuits à la belle étoile, constitue pour le moment le point culminant de notre séjour au pays des Maharajas. Et il nous reste encore Udaipur à découvrir, que tout le monde nous a décrit comme magnifique. Si nous continuons sur notre lancée, ça promet d'être effectivement quelque chose! D'autant que nous avons déjà un point de chute là-bas, chez un ami de Johnny.

Le Rajasthan est un merveilleux pays de couleurs, de musique, de vie et de sourires. Le traverser nous a plongé dans le faste et les merveilles de l'Inde des rois, et nous en ressortons des images plein la tête. Un pays magique qui s'explore, des cités roses, bleues et ors, des dunes, des dromadaires et des éléphants, des sculptures, des peintures, des sons de toutes sortes... C'est l'intégralité du cadre qui emporte l'esprit loin, très loin, en sollicitant et en charmant tous les sens.

De notre côté, tout va bien, comme d'habitude, même si il devient difficile de réduire encore nos dépenses! Nous préparons notre arrivée en Australie tout en continuant notre descente vers le sud du pays.

Encore et toujours, nous trouvons l'Inde exceptionnelle, d'une extraordinaire diversité, et nous prenons un plaisir phénomenal à la parcourir. Les ''mauvais côtés'' dont tout le monde parle ne nous gènent pas outre mesure, mais nous avons compris en discutant avec d'autre voyageurs que notre seuil de tolérance est devenu en 8 mois beaucoup plus élevé que la normale!

3 commentaires:

  1. C'est Tab. Vous êtes trop choupinou tous les deux sur la photo du désert! Et ça manque de photos de vous sur vos articles d'après!

    En tout cas l'inde ça a l'air bien joli!

    La bise les aventuriers

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  2. C'est Tab. Vous êtes trop choupinou tous les deux sur la photo du désert! Et ça manque de photos de vous sur vos articles d'après!

    En tout cas l'inde ça a l'air bien joli!

    La bise les aventuriers

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    1. Hey! La barbe ne ressemblait quand même pas à grand-chose!

      Le Rajasthan reste l'une des plus belle contrée que nous ayons jamais découvert, et les expériences que nous y avons vécu ont changé nos vies.

      Et puis oui, on nous a déjà dit qu'on ne mettait pas assez de photos de nos minois... Nous préférons partager les décors, mais nous veillerons à poser un peu plus de clichés de nos mouilles, si elles sont si mignonnes que ça!

      Bon vent les amis

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